Gardez-vous du conseil de Gamaliel !

« Et maintenant, je vous le dis, ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu (Actes 5:38-39).

Pour certains, Gamaliel était le seul homme sage dans toute la Bible ! À chaque fois qu’il s’agit d’évaluer sagement la dernière idée étrange ou le dernier mouvement qui commence à pénétrer les églises, on fait appel au fameux « conseil de Gamaliel ».

Nous l’avons entendu souvent en relation avec la « bénédiction de Toronto », par exemple.  Nous l’entendons particulièrement lorsqu’il n’y a aucun soutien scripturaire face à une situation donnée. Lorsque le reste de la Bible semble dire « Non ! », alors il faut dégainer le conseil de Gamaliel pour venir à la rescousse.

On fait souvent même passer Gamaliel avant Paul. Si l’apôtre condamne clairement une chose, on rejette sa parole pour celle de Gamaliel. Mais Paul n’est pas le seul. Gamaliel est même plus sage que le Seigneur Jésus-Christ, selon l’avis de certains. Là où Christ déclare : « Prenez garde aux faux-prophètes », Gamaliel dit : « Laissez-les faire, attendez et voyez. Ne dites rien et ne faites rien. S’ils survivent et prospèrent, ils viennent alors de Dieu ».

Un appel libéral

Un célèbre appel au principe de Gamaliel est assez connu dans l’histoire. Il fut lancé par Harry Emerson Fosdick, un théologien libéral bien connu aux États-Unis. Dans un sermon daté de 1922 (intitulé : « Les fondamentalistes vont-ils l’emporter ? »), Gamaliel est invoqué comme l’incarnation de la tolérance et de la magnanimité. On invitait les croyants attachés à la Bible à abandonner leur mauvais caractère d’étroitesse et d’adopter le grand libéralisme intellectuel de Gamaliel.

Ces dernières décennies toutefois, on constate que les évangéliques à leur tour mettent en pratique le conseil de Gamaliel pour justifier l’usage de tout un ensemble de tendances incluant la musique contemporaine et les excès charismatiques dans le culte d’adoration. Le ministère d’avertissement a été étouffé et le peuple de Dieu exposé à des expérimentations sauvages, tout cela avec l’appui de la sagesse de Gamaliel.

Qui, donc, était Gamaliel ? Était-il un homme bon, fidèle et sage ? Parlait-il de la part de Dieu ? Son conseil tant vanté est-il aussi merveilleux que beaucoup le prétendent ?

Gamaliel était un chef Pharisien respecté, un docteur de la loi et un membre du Sanhédrin juif. Il eut une influence considérable parmi les Juifs entre l’an 20 et 58 apr. J.C. Il croyait fermement que la faveur de Dieu s’obtenait en vertu du fait de naître juif et par l’observance méticuleuse de la loi cérémonielle. Étant un des chefs des Pharisiens, il était non seulement imbu de sa propre justice, mais il était très hostile au salut par grâce, au moyen de la foi.

Il était bien imprégné de l’enseignement de Jean Baptiste qui déclarait que Jésus-Christ était l’Agneau de Dieu choisi pour ôter le péché du monde. Il était aussi très familier de l’enseignement de Christ, qui disait que ni la judéité ni la loi cérémonielle ne pouvaient sauver l’âme et que chacun devait se repentir et naître de nouveau par la puissance de Dieu. Il rejetait catégoriquement ces enseignements. En réalité, il rejetait l’idée que Jésus-Christ fût plus qu’un homme.

Même si Gamaliel avait été quelque part un peu touché par le ministère de Christ, il faisait néanmoins partie de ceux qui adoraient leur fonction et l’estime des hommes, plus que la louange de Dieu. Souvenons-nous qu’il était l’un de ceux dont Christ avait dit : « Vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père ».

L’intervention de Gamaliel

Il est vrai que, lorsque les chefs juifs furieux délibéraient au sujet de l’exécution des apôtres, Gamaliel s’interposa pour les sauver. Les anciens commentateurs protestants, toutefois, ne furent pas du tout impressionnés par son geste. Combien il est remarquable, disaient-ils, que Dieu ait voulu se servir d’un homme orgueilleux, doté d’un raisonnement insensé pour atténuer la rage d’un Sanhédrin obstiné à se rendre coupable d’homicide. Les anciens écrivains attribuaient toute la gloire à Dieu et aucun mérite à Gamaliel.

Calvin exprimait sa stupéfaction face à la faiblesse intellectuelle de Gamaliel en écrivant : « Son opinion est indigne d’un homme sage ». Si Gamaliel avait eu raison, observait Calvin, « les hommes ne devraient punir personne et tout crime devrait rester impuni ».

Le conseil de Gamaliel à « ne rien faire » devrait certainement mettre fin à toute application de la loi s’il était adopté dans un pays. Il n’y aurait également aucune discipline dans l’église. Dans Sa Parole, Dieu ordonne à maintes fois qu’une juste conduite soit approuvée et que la mal soit puni. Le Sanhédrin avait le devoir d’établir la vérité (en utilisant les Écritures) et d’agir en conséquence.

Si les apôtres enseignaient la vérité, ils auraient dû être appuyés et encouragés. Si, par contre ils enseignaient la fausseté, ils auraient dû être exclus du Temple, et on aurait dû avertir le peuple. Gamaliel et ses collègues auraient dû prendre parti pour ou contre les apôtres. Le conseil de Gamaliel était une fuite en avant, un abandon complet de sa responsabilité. Il disait en effet : « Laissons faire. Qui vivra verra. En attendant peu importe qui ils égarent ! »

Il faut quand même reconnaître à Gamaliel deux affirmations exactes : Premièrement, l’œuvre des hommes ne débouche sur rien et, deuxièmement, l’œuvre de Dieu ne peut être contrecarrée. Mais il manqua de préciser que la débâcle de l’erreur pouvait ne pas intervenir avant plusieurs siècles. L’Islam, ou Rome ou l’hindouisme sont-ils déjà tombés ? Selon le test de Gamaliel, nous devrions peut-être conclure que ces mouvements sont de Dieu. Mais Gamaliel oubliait que Dieu ne juge pas l’erreur immédiatement. Certaines fausses institutions continueront d’exister jusqu’à ce que Christ les détruise à Son avènement.

Vrai seulement au jugement final

Le conseil de Gamaliel n’est vrai que si l’on se place dans le contexte de l’éternité et du jugement final. Entre-temps nous avons le devoir d’exercer du discernement au moyen de ce que dit la Parole de Dieu.

Adopter le conseil de Gamaliel qui suggère de « ne rien faire » pour discerner entre la vérité et l’erreur conduit à une ou l’autre de deux conséquences possibles, comme nous l’avons noté. Soit nous manquons à soutenir quelque chose qui est juste, soit nous nous taisons et ne faisons rien au sujet de quelque chose de mauvais et qui déshonore Dieu. Le conseil de Gamaliel est dorénavant insensé, égocentrique et extrêmement préjudiciable pour la cause de Christ.

Lors de cet événement, en encourageant la neutralité, Gamaliel combattit contre Dieu, parce qu’il manqua à croire à la cause de Dieu et à la soutenir. Il rata l’occasion d’agir lorsque les apôtres furent battus de verges et défendus de parler au nom du Seigneur.

Le conseil d’indécision de Gamaliel n’était pas dû au fait que c’était un homme insensé, bien au contraire, car c’était un universitaire renommé et un grand penseur. Mais son raisonnement fut le produit de l’incrédulité et de la crainte. Il avait peur de la réaction du peuple à Jérusalem.

Les autres membres du Sanhédrin convoqués en toute hâte imaginaient qu’ils détenaient le statut social et l’autorité morale pour s’en sortir avec tout ce que leurs instincts meurtriers leur dictaient. Gamaliel comprenait mieux qu’eux, réalisant que la mort des apôtres pouvait mettre le Conseil lui-même en danger. Aussi avertit-il : « Prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces gens. »

Les huissiers du Temple, envoyés pour arrêter les apôtres n’ont pas osé user de violence : « car ils avaient peur d’être lapidés par le peuple » (verset 26). Même de nombreuses personnes non sauvées sympathisaient avec les apôtres à cause de leur pouvoir de guérir.

L’histoire se répète. Tout comme le maintien de soi et l’intérêt personnel étaient les motivations qui sous-tendaient le conseil originel de Gamaliel, ce sont aussi souvent les raisons qui font qu’on s’en sert aujourd’hui. Il y a des années la « bénédiction de Toronto » se produisit dans une ville où un pasteur indécis conduisait une église. « Si je m’y oppose », raisonnait-il, « je pourrais perdre des membres de mon église. Pire, les défenseurs de ce nouveau phénomène peuvent me mettre sur la touche. D’un autre côté, si j’encourage ce nouveau phénomène trop ouvertement et trop précocement, je vais certainement encourir la désapprobation des membres de mon église. »

Un Pharisien à la rescousse

Comment ce pasteur qui ne protège pas son troupeau va-t-il résoudre un tel dilemme ? Il ne va pas trouver un texte biblique présentant les paroles de Christ, ou d’un des apôtres pour justifier une position ambivalente de compromis équivoque. Mais, heureusement pour ce pasteur indigne, les paroles du Pharisien orgueilleux, propre juste et inconverti viendront à sa rescousse. Le conseil de Gamaliel est disponible pour tout pasteur ou ancien qui n’est intéressé qu’à se maintenir dans son office et qui tient à la paix à tout prix.

Qui sont ceux qui font tant appel au conseil de Gamaliel ? Ils sont du même acabit. Ils rebutent le conseil de Dieu pour une solution sûre, facile et sympathique. Alors qu’ils ont toute la Bible ouverte devant eux, rien n’a autant de valeur en elle que les paroles d’un Pharisien irrégénéré !

Pour défendre son plaidoyer de neutralité, Gamaliel donna deux exemples d’hommes rebelles qui périrent (tués apparemment par les autorités romaines), avec pour résultat que leur influence a fait long feu. L’implication évidente était que Jésus de Nazareth avait aussi été mis à mort par les Romains, et que Ses disciples allaient sans doute mourir de la même manière. Au-delà, Gamaliel avertissait que si le mouvement était de Dieu, tuer les disciples serait s’opposer à Lui.

N’interférez pas !

Gamaliel utilisa deux arguments. Argument numéro un : si Dieu n’est pas derrière les disciples, ils se disperseront sans qu’on s’en occupe. Argument numéro deux : Si Dieu est avec eux, nous serons coupables de combattre contre Lui. Combien entend-on fréquemment ces arguments aujourd’hui ! Si Dieu n’est pas derrière les montages, la mondanité et les pratiques hystériques et occultes qui s’introduisent dans le christianisme d’aujourd’hui, ils vont disparaître à un certain moment. C’est pourquoi, oubliez toutes vos responsabilités pastorales et laissez-faire.

D’un autre côté, si vous vous opposez à eux, vous risquez d’éteindre l’œuvre de l’Esprit du Dieu vivant et de blasphémer contre Lui. C’est écartez-vous ! Ne vous en mêlez pas ! Restez sur la touche et observez d’où souffle le vent. Faites ce qui vous est le plus avantageux et favorable et observez comment les choses évoluent.

Un test pour les pasteurs

Le but le plus utile du conseil de Gamaliel pour les croyants aujourd’hui est qu’il sert d’indication de la profondeur et de la fiabilité de ceux qui œuvrent comme pasteurs, conducteurs et enseignants bibliques. L’utilisation du conseil de Gamaliel pour défendre la position de « abstiens-toi » ou celle « de se fondre dans la foule » quant à la façon d’approcher toute nouvelle mode, est un signe manifeste que la personne n’a aucun respect pour l’Écriture en tant que juge plein d’autorité pour toutes les questions de foi.

Autrement dit, le conseil de Gamaliel peut vous en dire davantage au sujet d’un pasteur, qu’au sujet de la façon dont vous devriez répondre aux dernières menaces spirituelles.

Il n’est donc pas étonnant que Gamaliel soit tenu en haute estime par les commentateurs de la Bible aujourd’hui. Si les églises néo-évangéliques œcuméniques d’aujourd’hui se hasardent à endosser les dires du pape, alors pourquoi pas Gamaliel ? Quelle est la différence ? Les deux défendent obstinément le salut par les œuvres et tous deux rejettent la grâce biblique et évangélique. Les deux défendent une prêtrise médiatrice imaginaire et investie en eux-mêmes et les deux rejettent la simplicité qui est en Christ. On pourrait longuement citer ce qu’ils ont en commun. Tout comme le pape est maintenant largement accepté comme un véritable homme de foi, ainsi Gamaliel, un Pharisien orgueilleux qui rejetait Christ, est regardé comme un saint protecteur des apôtres. (C’est « Saint Gamaliel » pour les catholiques romains !). Amis croyants : Faites attention et prenez garde au conseil de Gamaliel !