Par John Trapp, puritain, maître dans l’art de traits mordants et d’observations concises (1601-1669)
 

Voici trois des formes de la colère pécheresse et cinq remèdes efficaces pour en venir à bout. « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable » (Éphésiens 4:26).

Que celui qui se met en colère sans pécher le fasse uniquement contre le péché. Notre Sauveur s’irrita contre Pierre, et Il s’indigna contre les Pharisiens à cause de la dureté de leurs cœurs. Moïse s’enflamma d’une sainte colère contre le peuple à cause du veau d’or. Ainsi, Dieu fait descendre Sa bénédiction sur un cœur bon, qui éprouve une sensibilité et prend position pour les choses de Dieu. Garder son calme dans de telles circonstances est synonyme de complaisance et d’apathie. « N’aurais-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, du dégoût pour ceux qui s’élèvent contre toi ? » disait David. « Je les hais d’une parfaite haine ; ils sont pour moi des ennemis ».

Il s’agit de cette colère animée de zèle comme celle de Phinéas, d’Élie,d’ Élisée et à un degré suprême et parfait de notre Sauveur. Adam aurait dû exercer une telle colère envers son épouse, Éli envers ses fils, et Lot envers ses serviteurs.

La colère doit avoir un bon effet, une bonne fin, une bonne cause et un bon aboutissement, faisait remarquer Bucer. Le Seigneur condamne « quiconque se met en colère sans cause contre son frère ».

Se mettre en colère contre le péché n’est pas un péché, mais lorsque nous sommes en colère, il est difficile de ne pas pécher. La colère est une tendre vertu, mais du fait de notre manque de sagesse, elle peut facilement être corrompue et devenir dangereuse.

Il y a donc une colère juste qui nécessite un juste milieu, de sorte que notre colère contre le péché ne nous prive pas de la capacité d’avoir compassion du pécheur (à l’instar du Seigneur dans Sa juste colère face aux Pharisiens obstinés) ou de prier pour lui (comme Moïse le fit pour les idolâtres dans Exode 32:31-32).

La colère qui n’est pas contenue n’est autre qu’une folie momentanée.

Trois formes de colère

Damascène distingue trois types de colère : l’emportement, la rage et la fureur. « L’emportement vient d’un caractère acerbe, qui va vite en besogne, qui s’enflamme facilement. Il s’apparente à une flambée soudaine et passagère. La rage est une colère durable qui demeure dans l’âme. La fureur quant à elle attend le temps de se venger ».

Clicthtoue compare l’emportement (1) au feu dans du chaume ; (2) la rage au feu dans le fer ; (3) et la fureur à un feu caché (qui se dévoile lorsque l’objet de la haine a été enflammé et consumé).

« Certaines colères sont vives, d’autres amères et un troisième type est implacable », disait Aristote. Les premières sont les meilleures, semblables à celles des enfants qui s’emportent facilement et redeviennent heureux tout aussi vite. « Mais pour la malice, soyez enfants », dit l’apôtre Paul (1 Corinthiens 14:20).

Ursinus était d’une nature peu hâtive. Il en était de même de Calvin. Pourtant ils avaient si bien appris à retenir cette colère qu’ils n’auraient pas voulu prononcer, dans leur passion, un mot déplacé et inapproprié de la part d’un chrétien.

Cassien nous rapporte l’histoire d’un chrétien qui était en captivité aux mains des infidèles, torturé cruellement par des supplices variés et en butte à des railleries dégradantes. Ces bourreaux l’accablait de quolibets en l’interrogeant : « Dis-nous maintenant quel miracle ton Christ a fait ? » Sa réponse parfaite était : « Il a fait ce que vous voyez, le fait que je ne suis pas touché du tout par vos cruautés et vos insultes envers moi ».

Voilà ce que signifie marcher comme Christ a marché : Il ne contestera point, il ne criera point, et personne n’entendra sa voix dans les rues. Lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement. Moïse a marché d’une manière comparable lorsqu’Aaron et Myriam ont murmuré contre lui : il fit preuve de douceur et n’a point ouvert la bouche.

Moins une personne lutte pour ses intérêts, plus Dieu la défendra. Et comme la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu, elle entrave aussi sa justice. « Ainsi, que tout homme soit lent à la colère », nous dit Jacques.

La folie de la furie

La colère est la furie d’un esprit impur qui exacerbe le cœur et embrase la langue au point que la personne n’est plus attentive à ce qu’elle dit (comme Jonas), ou à ce qu’elle fait (comme Saül).

« Que le soleil ne se couche pas sur votre colère », dit Paul, car ceci donne accès au diable, qui au travers de la colère entre dans le cœur et s’en accapare. Bien des personnes permettent à la colère de les posséder à tel point que les années peuvent passer, et même bien des années, avant qu’ils ne se réconcilient. Leur colère est établie depuis longtemps et elle est profondément enracinée, et se transforme en malice (car la colère et la malice ne diffèrent que par l’âge). La colère qu’on tolère devient de la malice, qui n’est autre que la colère sous sa pire forme – « Maudite soit leur colère, car elle est violente, et leur fureur, car elle est cruelle ! » (Genèse 49:7).

La colère est le meurtre venant du cœur (Matthieu 5:22) et devient, par la suite, le meurtre à la fois par la langue et par la main. Ainsi est-il dit : « Quiconque hait son frère est un meurtrier ». C’est un meurtrier en pensées et il le deviendrait en acte s’il osait.

Tout d’abord, la haine contre une personne naît dans le cœur au point qu’on ne supporte ni de la voir, ni de la regarder, ni de se conduire courtoisement et gentiment avec elle ; et dès que le visage de cette personne apparaît, on se détourne d’elle. Puis lorsque le cœur est installé dans cette aliénation, la haine s’amplifie au point de souhaiter et désirer du mal à cette personne, et l’on se réjouit de son malheur à l’instar des frères de Joseph qui l’avaient jeté dans la fosse. Lémec se vantait de sa virilité, bien qu’il fût plutôt marqué par un esprit de vengeance.

La pire des colères est celle qui, quoique étouffée et réprimée pour un temps, va soudainement exploser et s’enflammer avec violence, comme nous le voyons en Caïn qui tua son frère.

Érasme mentionne le moine Augustin d’Anvers qui déclarait ouvertement au peuple depuis la chaire qu’il souhaitait que Luther fût présent afin qu’il puisse le mordre au cou. Nul doute que ce moine serait allé ensuite à l’autel avec ses dents ensanglantées pour « recevoir » le corps de Christ.

Un des principaux bourreaux de martyrs du temps de la reine Marie Stuart était tellement en colère quand Élizabeth fut couronnée, qu’il ne manquait jamais de la maudire quotidiennement lors de ses actions de grâce à table. Il fut pendu pour trahison en 1571. Il était semblable à une abeille excitée qui a perdu sa vie en cherchant à se venger.

Guillaume le Conquérant voulait coûte que coûte prendre sa revanche sur le Roi de France qui, jeune et fort, se moquait de son gros ventre. Guillaume entra en France en pleine moisson, pillant tout sur son passage, jusqu’à arriver à Paris, où se trouvait le Roi de France, afin de l’affronter pour son insolence.

De là, il mena une bataille et saccagea entièrement la ville de Mantes. C’est aussi dans cette ville qu’il meurt après avoir été blessé, causant en même temps la fin de ses guerres. Son successeur, Edouard I, poussa sa colère encore plus loin en se mettant en guerre contre Bruce, Roi des Écossais. Il ordonna à son fils et à ses princes d’emmener sa dépouille avec eux en Écosse s’il mourait durant le voyage, et d’interdire son enterrement jusqu’à ce qu’ils aient vaincu l’ennemi et soumis totalement le pays.

Nous avons là une personne tellement rivée sur son objectif terrestre qu’elle ne pouvait supporter de l’abandonner, même après son départ de la terre ! Nous avons là un cœur tellement assoiffé de revanche, qu’il planifiait de poursuivre son ennemi même après sa vie ! Mortels, nous le sommes, mais notre colère devrait-elle être immortelle !

« Il est plus honorable de se venger de ses ennemis que de se réconcilier avec eux », disait Aristote. Mais, c’est la voix de la nature qui s’exprime de la sorte. L’Écriture nous montre quelque chose de meilleur, comme lorsqu’Abigaïl persuada David, qui marchait rempli de colère à l’encontre de Nabal, de n’avoir « ni remords, ni souffrance de cœur pour avoir répandu le sang inutilement et pour s’être vengé lui-même ». La bonté de Cranmer qui pardonnait les méchancetés était telle qu’elle devint un proverbe : « Jouer un mauvais tour à mon Seigneur de Canterbury et vous êtes sûrs de l’avoir pour ami toute votre vie ».

Cinq mesures pour contrôler la colère

Comment pouvons-nous retenir notre colère de façon à « ne point pécher », et comment pouvons-nous réprimer la colère, la contenir et y mettre fin ?

1. « Laisse la colère, abandonne la fureur ; ne t’irrite pas, ce serait mal faire » (Psaume 37:8). Vous faites le mal en vous irritant et vous faites encore pire en manifestant ce sentiment et en laissant le feu se déclarer. Donc, lorsque vous êtes rendu furieux et que votre désagrément s’accroit, taisez-vous immédiatement jusqu’à ce que vous puissiez de nouveau parler de façon calme et posée, et que le feu ardent soit passé. Faites comme Assuérus qui quitta le festin pour aller dans le jardin du palais, avant de prononcer sa sentence sur Haman.

Une bonne manière d’éteindre le feu de la colère est de nous répéter quelques versets solennels de l’Écriture comme : « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point. Que tout homme soit lent à vous mettre en colère. Ne vous vengez point vous-mêmes, mais laissez agir la colère. Soumettez-vous à Dieu ; résistez au diable et il fuira loin de vous ». Résistez au démon de la colère au moyen de l’Écriture et il fuira, car il ne peut lui tenir tête (Matthieu 4).

Nous devons également avoir recours à la prière, comme l’a fait David dans le Psaume 39. Lorsque Job s’était mis en colère, Éliphaz même avait assez de connaissance pour lui dire : « Certainement tu abolis la crainte [de Dieu], et tu anéantis peu à peu la prière qu’on doit présenter au [Dieu] Fort »

2. Purifiez votre cœur par la foi, car la foi du Christ engendre la patience. Apprenez la patience et aimez-la. Étudiez-la et gardez-la car s’y cramponner vous perfectionnera, homme ou femme.

Jacques dit que les luttes et les querelles viennent des passions qui combattent dans nos membres. Elles donnent naissance à des agitations internes, à du désordre et nous rendent méchants et aigris à l’égard des autres. Les méchants sont comme la mer en furie, agitée et tumultueuse. La personne qui convoite sème le trouble dans toute sa maison.

Tel était Nabal, fils de Bélial, méchant et féroce à tel point qu’on n’osait lui parler. Quant à David, alors qu’il avait souillé sa conscience et qu’il ne s’était pas encore repenti de son adultère et de son meurtre, combien fut-il cruel dans sa façon de traiter les Ammonites pour leur comportement envers ses messagers. Il « les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer par des fours à briques ».

Par contraste la foi en Christ nous pousse à adopter un comportement opposé car Il « donnera à l’empire de l’accroissement, et une paix sans fin ». Et Jacques déclare que : « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie ».

3. Mettez « votre honneur à vivre tranquilles, à vous occuper de vos propres affaires. » Ne vous mêlez pas des querelles d’autrui, de peur d’être  « comme celui qui saisit le chien par les oreilles » (Proverbes 26:17). Évitez de fréquenter les querelleurs et les coléreux (Proverbes 22:24) car, comme des chiens furieux, ils mordent et rendent les autres aussi furieux qu’eux-mêmes le sont.

Ne prêtez pas l’oreille aux rapporteurs car ils divisent même de bons amis. Ne vous mêlez pas des fautes des autres. Un homme patient est rarement curieux et un homme curieux est rarement patient.

Préparez-vous à encaisser beaucoup de coups en ce monde, car si vous ne pouvez pas supporter les offenses, il vous faudra faire vos valises et sortir du monde, il n’y a ici pas de place pour vous ici !

Soyez fermement résolus à ignorer et à fermer l’œil sur bon nombre de choses, tout comme « un lion avance et ne prête pas attention à une meute de chiens qui aboient ». Les comprimés ne se mâchent pas, ils doivent être avalés en entier, il en est de même des offenses. Ainsi, par la douceur, nous pouvons prévenir bien des explosions de colère. Qui veut vivre heureux, fais très attention !

4. Vous devez garder devant vos yeux un vrai tableau de la colère, un tableau qui brosse ses trois aspects : premièrement, la déformation qu’elle opère ; deuxièmement la honte qu’elle représente ; et troisièmement, le danger qu’elle génère.

Premièrement, combien la colère est-elle laide ! Elle prive un homme de la retenue, elle défigure son apparence, elle fait rougir ses yeux, elle lui donne une expression furieuse et des traits déformés au point de dilater ses narines ! Les Hébreux appellent la colère aph (narines, souffle, face, visage), parce que les narines frémissent, la couleur du visage change, la langue bégaie, les dents grincent, les mains s’entrechoquent, les pieds frappent le sol, le pouls s’accélère, le cœur bat plus fort, et toute la personne gonfle comme un crapaud qui finit par cracher au visage d’autrui.

En outre, la colère déshonore la personne. Dans l’Écriture, le Saint-Esprit reprouve le coléreux en le qualifiant d’insensée. Une telle personne expose sa folie devant tous et s’autoproclame le roi des insensés. « L’orgueilleux, le hautain, s’appelle un moqueur ; il agit avec la fureur de l’arrogance », nous dit Salomon. Quel nom et quel titre !

Ainsi, Dieu couvre une telle personne de honte. Pendant qu’elle pense, par son physique et son langage, être haut en couleur, pouvoir exercer force et influence, les autres ne voient chez elle qu’intempérance, incohérence et même faiblesse de caractère.

C’est souvent la faiblesse et l’immaturité qui conduisent à un caractère excessif comme on le voit chez de nombreux malades et chez les nourrissons.

Enfin, le danger de la colère se voit dans la façon dont elle consume le corps et nuit à la personnalité. Un mauvais caractère persistant et allant en empirant occasionne une mauvaise santé, et fait bouillir le cœur comme dans la saumure jusqu’à ce qu’il mette fin à la vie de son propriétaire : haï de son vivant et regretté de personne à sa mort.

Pour ce qui est de la pauvre âme d’une telle personne, la colère la rend peu encline à la prière ou à tout autre devoir envers Dieu ou son prochain. Comme une ville sans murailles, l’âme d’une telle personne est exposée à beaucoup de péchés et à toutes sortes de souffrances (Jacques 3:16 ; Proverbes 29:22).

5. Considérez comment Dieu veille sur votre vie, vous conduit, pourvoit à vos besoins, quels sont les privilèges de Sa présence, et de Sa patience envers vous.

Commencez ainsi : souvenez-vous que ceux qui nous font du tort (quelle que soit leur méchanceté) sont des instruments de Sa bonne providence pour notre plus grand bien. Pourquoi alors nous mettre en colère contre eux ? Cela ne revient-il pas à être en colère contre Dieu ? Si Dieu est fâché contre nous, Sa miséricorde constitue un espoir pour nous ; mais si nous sommes en colère contre Lui, d’où nous viendra le secours si Sa colère « est prête à s’enflammer » ?

Raisonner de la sorte a empêché Job de décocher une flèche contre les Chaldéens qui l’avaient pillé, ou de maudire les multiples calamités qui l’avaient atteint. Face à toutes ces afflictions, il dit : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! En tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu » (Job 1:21-22).

C’est pourquoi honorez la providence de Dieu et faites silence en vous (Psaume 39:9). Souvenez-vous de ceci : Nul n’a aucun pouvoir sur vous, s’il ne lui avait été donné d’en haut (Jean 19:11).

Considérez ensuite la présence de Dieu, et soyez prudents. Mettez Dieu en premier, oui, avant même vos passions, et celles-ci se tairont, comme des soldats indisciplinés et querelleurs qui se calment dès l’apparition d’un officier.

Lorsque le cœur bouillonne de colère et de soif de vengeance, faites comme les disciples : « Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? » Demandez l’aval de Dieu avant d’oser faire la moindre chose sous l’emprise de la colère. Ne présumez jamais que vous êtes l’exécuteur désigné par Dieu !

Nous avions l’habitude de dire que s’il n’y avait pas de juge, nous nous ferions justice nous-mêmes, mais puisqu’il y a un juge, nous sommes sans excuse. L’Écriture déclare au peuple de Dieu : « Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés : voici, le juge est à la porte » (Jacques 5:9). Il est témoin de toute marque d’impatience et d’exaspération de votre part. « Ne me craindrez-vous pas ? Ne tremblerez-vous pas à ma présence ? », affirme le Seigneur (Jérémie 5:22).

Job, qui s’était plaint avec colère à maintes reprises, une fois redevenu conscient de la présence de Dieu, confessa : « Je mets la main sur ma bouche… Je n’ajouterai rien ».

Considérez enfin la patience et la longanimité infinies de Dieu qui supporte notre comportement, comme Il l’a fait avec le peuple dans le désert. Qu’il est lent à la colère et riche en miséricorde ! Dieu juge les justes, mais avec une main tendre. Il nomme l’épreuve Son œuvre étrange, et Il ne fait appel à elle que lorsqu’il n’y a aucune autre issue, parce que nous nous sommes moqués de Ses envoyés et avons méprisé Ses paroles (2 Chroniques 36:16). Lorsque Dieu décida de châtier Adam, il s’adressa à lui paisiblement et dans la fraîcheur du jour. Il ne s’est pas rué sur lui, comme David sur Goliath, pour lui couper la tête. Il s’approcha de lui d’un pas léger et d’une voix douce, et pas avant le soir. Et avant la sentence, Il s’est tout d’abord entretenu avec lui et lui a promis un Sauveur pour le délivrer de l’aiguillon mortel du serpent.

Souvenez-vous de toutes les manifestations de la patience de Dieu envers vous (comme le peuple l’a fait jadis en regardant le serpent d’airain), alors vos cœurs fléchiront et seront guéris des plaintes d’une colère impatiente.

Adam était le chef-d’œuvre de Dieu, Son ouvrage, en qui il devait se reposer et se réjouir. Il l’avait paré de Sa propre image, l’avait élevé pour dominer sur toutes les autres créatures terrestres, l’avait honoré par cette possibilité de vivre dans le paradis, et avait donné à l’être humain seul l’honneur de pouvoir l’appeler « Seigneur ».

Mais l’homme, qui est en honneur, l’a rejeté et est devenu semblable aux bêtes que l’on égorge, voire pire, car il est devenu semblable aux démons, avec lesquels il aurait dû périr, s’il n’y avait pas eu un Dieu qui pardonne : « Quel Dieu est semblable à toi, Qui pardonnes l’iniquité ? »

Dieu abonde encore en pardon, comme nous abondons en provocations, et Il tend Ses mains tous les jours vers un peuple rebelle. Sa grâce fléchit même le genou devant nous, pour ainsi dire, nous « supplie », tout en supportant nos mauvaises actions, de nous réconcilier avec Lui.

Si seulement nous considérions combien Il est infiniment grand et puissant, élevé au-dessus de tous, nous nous émerveillerions davantage devant Sa patience envers nous. Plus l’homme est élevé, moins il est généralement patient face à ses torts.

La grande vertu de la patience se manifeste par l’autosatisfaction que tire l’homme du monde lorsqu’il témoigne de cette patience en certaines occasions. Si un homme supporte une ou deux offenses de la part d’une autre personne, il s’octroie une haute estime et pense avec vanité que ce fait mérite d’être rapporté ou d’être inscrit dans le canon des saints (comme l’imaginait Henri VI).

Mais que représente tout cela par rapport à la patience infinie de Dieu qui supporte le mal que nous faisons ? Et non seulement de la part des vases de colère (Romains 9:22), mais de la part de Ses propres élus, qui devraient être de meilleures personnes. Il les épargne comme un homme épargne son fils qui le sert, lui pardonnant jusqu’à soixante-dix fois sept fois en un jour, en supportant sans broncher un monde de souffrances.

Notre dette envers Dieu, la considération profonde de Sa patience infinie envers nous fortifiera énormément la patience de nos esprits et nous transformeront en la même image.

Soyez humble et veillez sur vous-même

Enfin, en plus de ces moyens et de ces méditations, menez un combat continuel afin de ne pas avoir de vous-même une trop haute opinion, et veillez sur votre cœur plus que toute autre chose. C’est ainsi que vous pourrez vous maîtriser lorsque l’impatience, la colère ou le ressentiment commenceront à bouillir en vous. Et si vous priez urgemment pour assujettir ces passions, en les considérant comme injustifiées et en exposant leur laideur et leur péché devant votre Dieu, vous verrez bientôt que « votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur ».