L’adoration au creuset de l’épreuve

L’adoration est sans aucun doute l’enjeu majeur des églises aujourd’hui. Cet article explique pourquoi.

L’adoration passe par une véritable remise en question. Un nouveau style de louange et d’adoration a déferlé dans le monde évangélique telle une vague ébranlant jusqu’aux fondements les concepts et pratiques traditionnels. Le style d’adoration adopté durant toute l’histoire par l’Église fidèle à la Parole de Dieu a été en quelque sorte mis sur une voie de garage. « Et pourquoi pas ? » demandent nos jeunes amis. « Qu’est-ce qu’on reproche aux groupes de musique contemporains ? Ne trouve-t-on pas toutes sortes d’instruments dans les Psaumes, y compris des percussions ? Ne dansaient-ils pas aux temps bibliques ? Dieu n’est-Il pas le même hier, aujourd’hui et pour toujours ? Pourquoi rester liés à cette culture triste et dépassée pour louer Dieu ? »

Le but de cet ouvrage est de répondre à ces questions et d’amener le lecteur à une prise de conscience des quatre principaux piliers de l’adoration sur lesquels la Bible insiste à longueur de pages. Gardons-les soigneusement à l’esprit lorsque nous examinons notre style d’adoration.

Aujourd’hui, de nombreux chrétiens sont stupéfaits quand on leur explique ce qui se faisait réellement dans l’Ancien Testament. Ils constatent alors qu’on leur a vendu un tissu de mensonges et ils ont le sentiment d’avoir été trompés. Mais après avoir bien pesé les tenants et aboutissants, ils éprouvent plus que jamais le besoin de s’imprégner davantage de ce que le Sauveur a enseigné sur la véritable adoration, et d’étudier avec soin toutes les instructions pratiques à travers les Épîtres du Nouveau Testament.

La question de l’approche de l’adoration est sans aucun doute l’enjeu majeur des églises aujourd’hui. Et ceci, parce que six nouveaux styles d’adoration – largement déficients – sont apparus, très souvent associés les uns aux autres :

– L’adoration recherchant une satisfaction personnelle, de telle sorte que se faire plaisir prime sur le fait de faire plaisir à Dieu.

– L’adoration à l’image du monde, qui emprunte son style au rythme de la musique du divertissement contemporain, et qui ajuste ses instruments, ses productions et ses représentations au modèle du monde du spectacle, sans égard à tous les avertissements sérieux de la Bible contre l’amour du monde.

– La recherche d’une esthétique censée être l’expression d’une vraie adoration à l’aide d’orchestres, de groupes de louange et de solos instrumentaux. Celle-ci s’imagine que Dieu peut aussi être adoré au moyen de ces choses. Mais Christ n’a-t-Il pas dit que « Dieu est Esprit et qu’il faut que ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité. » ?

– L’adoration extatique où les gens se placent dans un état hautement émotionnel, voire de transe, alors que l’Écriture enseigne que nous devons toujours prier et chanter avec l’intelligence.

– L’adoration superficielle qui, par le rejet de la consistance spirituelle, réduit les chants à des refrains dont le contenu se limite à une ou deux notions élémentaires, parce qu’on ne veut plus des thèmes spirituels pertinents.

– Et en fin de compte, l’adoration informelle, légère, et désinvolte. Quand la salle de culte devient un podium pour bouffons ou humoristes, une scène où des banalités sont débitées, même par des responsables d’église. L’église sert alors de lieu de rencontre d’où sont exclus le respect, l’honneur, la grandeur et la gloire qui reviennent à Dieu.

C’est un peu comme si les églises évangéliques avaient attrapé six virus en même temps ! Mais comment pourront-elles survivre si leur activité la plus noble souffre d’un mal aussi profond ? Comment le peuple de Dieu peut-il se préserver des souillures du monde si ce dernier a pris les rênes de l’adoration ? Et par conséquent, comment pouvons-nous appeler les âmes perdues hors du monde, si nous ne différons pas de celui-ci ? Incontestablement, la question de l’adoration est plus que jamais d’actualité.

Comment pouvons-nous appeler les âmes perdues hors du monde, si nous ne différons pas de celui-ci ?

Dans ce livre, je voudrais m’adresser tout particulièrement, avec tout le respect que je leur dois, à mes collègues pasteurs et conducteurs d’églises, qui pourraient être incités à intégrer certains éléments de la nouvelle tendance dans leur culte. En effet, une grande partie de serviteurs zélés au service de l’Évangile ont cru devoir, du moins en partie ou de manière contrôlée, faire des concessions à cette nouvelle vague. Il est fort probable d’ailleurs qu’ils s’en défendent et qu’ils n’y adhèrent pas à titre personnel, mais malgré leurs réserves, ils se sont néanmoins laissés convaincre que leurs objections ne reposent finalement que sur une question de goût et de culture. Pour attirer les gens aux réunions de jeunes et dans les églises, nous devons utiliser des chants d’adoration modernes, c’est du moins ce que dit la sagesse contemporaine.

D’aucuns estiment qu’il faudrait introduire de nouveaux cantiques aux côtés des anciens afin de préserver le meilleur du culte dit « traditionnel ». Ce mélange de genres pose toutefois un problème de taille : les concepts d’adoration anciens et nouveaux sont totalement opposés. Ces pages sont ici pour le prouver. La nouvelle vague, quant à elle, fait fi de tous les principes bibliques redécouverts lors de la Réforme.

À y regarder de plus près, l’histoire même de la nouvelle adoration sonne comme un signal d’alarme et révèle le fossé abyssal qui sépare l’ancien du nouveau style. Les origines de la nouvelle adoration sont aujourd’hui assez bien connues et peuvent être esquissées en quelques lignes. Tout a commencé à la fin des années 1960 en Californie. Un bon nombre de hippies s’étaient à l’époque tournés vers Christ au sein d’un mouvement connu sous le nom de « Jesus people » (Mouvement de Jésus). Mais à leur conversion, ils ont continué, ni plus ni moins, à adorer Dieu dans le même style de musique qu’ils jouaient quand ils étaient hippies. Pour les encourager, plusieurs mouvements « chrétiens », parmi lesquels les assemblées bien connues de Calvary Chapels (Chapelles du Calvaire), ont ainsi vu le jour. Leur adoration se résumait principalement à une sempiternelle répétition de courts refrains. Ces chants insignifiants avaient un contenu plus simple que celui d’un cantique traditionnel pour enfants et des paroles qui frisaient l’infantilisme. Il y était rarement question de confession des péchés ou de doctrine. En somme, malgré toutes ses bonnes intentions, la nouvelle adoration n’a été modelée ou influencée, ni par le modèle biblique d’adoration, ni par la pratique générale qui gouvernait jusque-là les églises fidèles à la Bible.

Cette forme d’adoration, il faut le savoir, a été façonnée et conçue au cœur même de la méditation mystique. Des centaines, voire des milliers de hippies, se rassemblaient aux flancs des collines californiennes, les yeux fermés, ondulant des hanches dans un état extatique, comme du temps où ils étaient sous l’emprise de la drogue. Ces ex-hippies apportaient avec eux, dans leur nouvelle allégeance à la foi chrétienne, la même quête de sensation émotionnelle à laquelle ils étaient accoutumés. Mais le drame, c’est qu’aucun de leurs conseillers spirituels ne leur ait à l’époque montré une meilleure voie.

Cette nouvelle approche de l’adoration a connu une croissance rapide, et elle se confondait bientôt avec un autre courant de chants « chrétiens », composés par ceux qui voulaient simplement que la musique d’adoration ressemble à de la musique rock, mondaine. Autrement dit, il s’agissait simplement pour eux de passer « un bon moment », dans le sens le plus mondain du terme.

Il faut donc être conscients du problème : la nouvelle adoration tire son origine de ces deux courants principaux, à savoir le mysticisme hippie et le christianisme mondain. Le mouvement charismatique s’est empressé d’introduire et de raffiner cette musique, et de là sont nés la plupart des nouveaux chants de l’adoration contemporaine.

Forts de ces informations, il nous appartient d’être vigilants et de faire preuve de la plus grande prudence. Les principes bibliques exposés dans ces pages devraient être notre fondement pour décider d’accepter ou de repousser ces « voies » nouvelles. En gardant à l’esprit que nous ne pouvons en aucun cas « marier » des concepts qui s’excluent mutuellement.


Cet article est extrait du livre Worship in the Melting Pot, écrit par Dr Peter Masters. Publié en 2002 par les éditions Wakeman Trust. Disponible à la vente à la librairie du Tabernacle. ISBN 978 1 870855 33 4.

Table des matières:
L’adoration au creuset de l’épreuve
Les principes enfreints 
I – Une adoration spirituelle ou esthétique ?
II – Une adoration rationnelle ou extatique ?
III – Une adoration sacrée ou profane ?
Laissons le Seigneur définir l’adoration
Cuivres, instruments à cordes et percussions ?
Les cultes dans la Bible
Que s’est-il réellement passé à Corinthe ?
Pourquoi lever les mains ?
La naissance des cantiques
Sept critères pour un cantique d’adoration
Un don très rare
Le respect du Seigneur commence dans la Maison de Dieu
Trois combats pour l’âme du monde évangélique
Annexe: Règles pratiques de la prière d’église