Le concept de pèlerinage

Vous ne pouvez être chrétien sans être pèlerin, c’est-à-dire sans voyager « léger » durant votre vie ici-bas. Certes, vous subirez quelques pertes, mais cela n’est rien à côté des six avantages remarquables que vous gagnerez, et avec en plus des conseils très clairs sur ce qu’il faut faire et ne pas faire en tant que pèlerin. 

Vous ne pouvez être chrétien sans être pèlerin, c’est-à-dire sans voyager « léger » durant votre vie ici-bas. Certes, vous subirez quelques pertes, mais cela n’est rien à côté des six avantages remarquables que vous gagnerez, et avec en plus des conseils très clairs sur ce qu’il faut faire et ne pas faire en tant que pèlerin.
« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre » (Hébreux 11:13).
LA BIBLE parle beaucoup de pèlerinage. Hébreux, chapitre 11 cite entre autres Abel, Enoch, Noé, Abraham, Isaac et Jacob, et les décrits comme « étrangers et voyageurs sur la terre ».
« Étrangers » signifie littéralement des gens qui ne sont pas d’ici, un peuple d’une langue et d’une culture différente. Quant aux « Pèlerins », il s’agit de ceux qui habitent un pays étranger, loin de leur peuple.
Dans la Bible, le terme « pèlerin » suppose un voyage – rentrer chez soi – comme nous le constatons dans Hébreux 11:14, qui parle de ceux qui « cherchent une patrie ». Les voyageurs bibliques vivent dans un pays donné, aux côtés d’une communauté, sans jamais s’intégrer pleinement. Ce sont des « non-résidents » qui s’en iront bientôt chez eux. Il leur arrive d’accomplir de grandes choses au profit de la nation dans laquelle ils vivent (comme l’avait fait Joseph), mais ils ne cessent jamais d’être pèlerins.
Ils ne sont pas comme des expatriés qui ont choisi de s’installer dans un autre pays, pour des raisons professionnelles ou parce qu’ils le préfèrent au leur. La plupart des expatriés habitent un lieu qu’ils ont personnellement choisi, mais un voyageur ou un pèlerin dans la Bible n’éprouve aucun désir réel d’être là où il est, sauf pour servir le Seigneur, gagner des âmes, et par amour pour sa famille. Son premier centre d’intérêt n’est donc pas sa patrie actuelle.
Le concept de pèlerinage est si important qu’il détermine la direction que le chrétien prend dans toutes les circonstances de la vie. Sans cela, nous devenons inutilement sensibles aux problèmes et aux épreuves de la vie.
Le concept du pèlerinage est très vital de nos jours, alors qu’un nombre croissant d’évangéliques préconisent d’évoluer avec la culture ou de s’adapter à la culture ambiante, nous encourageant à nous enraciner davantage dans le monde. Le terme même de « pèlerin » sonne comme un avertissement, nous rappelant notre responsabilité d’être différents et séparés pour Christ. 
Le très célèbre livre intitulé « Le Voyage du Pèlerin » reprend avec force ce concept de « pèlerin ». On se souvient de Jacob qui parle des « jours des années de [son] pèlerinage », et de David qui affirme qu’il était « un étranger et un hôte ». Il était le roi de son peuple, mais il se déclare étranger et résident temporaire. L’apôtre Pierre se réfère également aux croyants comme des « voyageurs et pèlerins ». Ce terme nous caractérise-t-il également ? 

Les héros de la foi d’Hébreux 11 « sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises [au cours de leur vie terrestre] ; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. » Ils ont fait des promesses d’une maison éternelle l’élément motivant de leur vie. Leur manière de vivre révélait qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur cette terre.
Leur vie disait à peu près ceci : « Nous ne sommes pas d’ici. Nous sommes des étrangers et des gens de passage, habitant sous des tentes, et nous attendons avec impatience quelque chose de bien meilleur. »
La nouvelle école aujourd’hui enseigne ceci : « Aimez ce monde et faites comme tout le monde. Chantez ses chansons, jouez son genre musical, regardez ses films, dansez ses danses, habillez-vous selon son style provocateur », et bien d’autres compromis qui auraient horrifié tous les croyants des deux derniers millénaires. 
À chaque fois qu’il arrive une grande catastrophe dans un des pays riches comme les États-Unis d’Amérique, un ouragan phénoménal par exemple, détruisant maisons et biens matériels, les caméras de la télévision s’attardent particulièrement sur les résidents qui ont été le plus touchés. En arrière-plan, on nous montre des maisons détruites, des biens éparpillés ici et là. Nul doute que ces gens s’étaient assurés contre les catastrophes naturelles, et ce faisant, ils s’en sortiront avec de nouvelles maisons et de nouveaux biens. En dépit de cela, nous les voyons se tordre de douleur, inconsolables, comme si leur vie touchait à sa fin. Bien entendu nous comprenons leur désarroi et leur chagrin, et toute la peine qu’ils ressentent d’avoir perdus des biens si précieux, mais bien souvent, nous constatons que leurs réactions sont plus modérées quand il s’agit de vies humaines. Il est évident que le fait d’avoir perdu leurs biens matériels leur a causé plus de souffrance. Ce qui leur était arrivé, a été pour eux la chose la plus inimaginable. 
Les pèlerins de la Bible ne raisonnaient jamais en ces termes. Ce monde n’a jamais été le leur. Les pertes terrestres et les déceptions n’ont jamais affecté leur vie, parce que leurs pensées et leur cœur n’étaient pas attachés aux choses terrestres. D’une certaine manière, ils voyageaient « léger » dans la vie, et nous devons en faire de même.  
Il y a trois grandes fêtes de pèlerinage dans l’Ancien Testament au cours desquelles le peuple se rendait à Jérusalem : la Pâque, qui commémorait la libération de l’Égypte ; la Pentecôte, pour célébrer la fin de la moisson, et la fête des Tabernacles qui mettait fin à l’année agricole, et qui remémorait au peuple Juif ses pérégrinations dans le désert. 
Toutes ces fêtes impliquaient un voyage, rappelant au peuple que tout dans la vie est un pèlerinage. Dans leur périple, les pèlerins chantaient des psaumes ou des cantiques de degrés (Psaumes 120-134), surtout lorsqu’ils entamaient l’ascension finale vers la cité de Jérusalem. Le thème du pèlerinage était un aspect majeur de leur calendrier. Sommes-nous prêts au pèlerinage ou espérons-nous un accomplissement et un but sur cette terre étrangère ? Comme étrangers, nous devons saisir chaque opportunité pour faire de cette terre un monde meilleur, plus juste et où il fait bon vivre, mais sachons que nous ne sommes pas chez nous, et que beaucoup des gens de ce monde ne veulent pas de nous, même s’ils nous tolèrent, et cela malgré eux. 

Il est erroné de penser que le but du Seigneur Jésus était la réforme sociale de ce monde. Les bonnes œuvres accomplies à titre individuel par les croyants font partie intégrante de notre témoignage, mais le point de vue biblique est que ce monde est déchu et perdu, et que c’est également de ce monde que Christ rassemble Son peuple et l’appelle à en sortir par grâce. Nous ne réfléchissons pas comme les gens de ce monde (même si nous l’étions). Nous n’avons ni les mêmes aspirations, ni les mêmes plaisirs. Nous serons certainement vus d’un mauvais œil, incompris, et même haïs. Même si beaucoup nous respecteront, et serons admiratifs, la plupart nous serons hostiles dans une certaine mesure. Tous les croyants, à un moment ou à un autre, expérimentent d’une manière ou d’une autre la persécution, et pour certains, elle revêt parfois une forme très cruelle. Si nous ne comprenons pas cela, alors nous en souffrons d’autant plus. Nous devons, autant que faire se peut, aller de l’avant, et être utiles et courtois, sans toutefois devenir esclaves de ce monde. Si nous saisissons ce que c’est qu’être des pèlerins pour Christ, alors nous comprendrons cela, et nous trouverons notre bonheur et notre paix en Lui seul (et non de ce monde). Nous nous attendons à être calomniés et traités injustement par le monde. Non seulement le monde nous est hostile, mais le diable aussi s’oppose à nous. Il profite bien souvent de nous pendant que nous sommes « en chemin » loin de la maison, nous assaillant de tentations, d’abattement, et même de doutes en ce qui concerne notre statut devant le Seigneur. Cependant, nous disposons de plusieurs aides et bénédictions pour arriver à un équilibre dans ces choses.

Six privilèges ou avantages donnés par Christ


      Quelles que soient les épreuves rencontrées lors de notre pèlerinage, affrontons-les avec les privilèges extraordinaires que le Seigneur nous donne, dont les meilleurs nous sont décrits dans Sa prière sacerdotale en Jean 17. Nous avons été éclairés, nous savons (verset 8), nous sommes à Dieu (v. 10), nous sommes gardés (v. 11), aucun ne sera perdu (v. 12), nous avons la joie parfaite (v. 13), nous sommes envoyés dans le monde pour une mission divine (v. 18), nous sommes sanctifiés (v. 19), nous sommes dans une mission qui n’échouera pas (v. 20), qui finira par triompher (v. 23), et nous verrons certainement la gloire du Seigneur (v. 24).

Le privilège de la communion
      Les bienfaits du pèlerinage ressortent également dans Hébreux 11:13 : « C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loin… » Notons en particulier le mot « tous » qui nous rappelle qu’il existe d’innombrables croyants. Nous ne sommes pas les seuls, il y en a bien autres.
Il est si précieux et important pour les croyants de se rassembler le jour du Seigneur et durant la semaine pour écouter la Parole de Dieu, de s’exhorter et de s’encourager. Il est triste de constater que des chrétiens qui fréquentent la même église ne se connaissent pas, parce que l’un des grands réconforts de la vie de pèlerin est de savoir que nous sommes membres d’une très grande famille.
Il existe à travers le monde des millions et des millions de gens qui appartiennent au Seigneur. Bien évidemment, nous ne pouvons pas tous les connaître, mais nous pouvons penser à eux, et surtout à ceux qui sont dans les lieux les plus isolés. Un nombre incalculable de personnes aiment le Seigneur et Sa Parole. Il y a beaucoup plus de croyants dans ce monde  présent impie que nous ne l’imaginons. Il y a même bien plus que nous ne l’imaginons dans notre propre pays, ou à travers le monde. La plupart est constituée de cette grande assemblée de gens qui a quitté ce monde pour aller à la rencontre de Christ, et qui à présent marche avec Lui. Nous ne parlons pas d’un petit groupe de pèlerins, mais de la plus grande assemblée ou groupe de personnes de même pensée sur la terre.

Le privilège de l’expérience
     Un autre avantage qui attire notre attention dans Hébreux 11:13 est que notre pèlerinage est un voyage qui a fait ses preuves. L’expression : « C’est dans la foi qu’ils sont tous morts … » inclus la première génération de croyants à avoir habité la terre jusqu’à la nôtre au XXIe siècle. Des millions de sauvés nous ont précédé dans ce voyage, et ont tous expérimenté la fidélité du Seigneur. Nous en voyons les images énoncées très clairement dans l’Écriture. Nous y trouvons le récit de ceux qui ont expérimenté la présence du Seigneur dans leur vie au moyen de délivrances miraculeuses. Le Seigneur les a défendus et bénis, et ils ont terminé leur voyage avec triomphe et bonheur. Tel a été le cas d’une myriade de croyants au cours des siècles. Combien il est émouvant de lire les récits biographiques du peuple de la foi, et tous ces grands hommes qui ont proclamé cette foi, et qui ont donné des couleurs à l’histoire ! Les encouragements et les leçons à en tirer sont immenses. C’est ici aussi un chemin bien fréquenté et un voyage qui a fait ses preuves, et nous n’en sommes en aucun cas les pionniers.

Le privilège de la protection
     Parallèlement à cela, nous voyons dans Hébreux 11:13 la doctrine de la persévérance des saints car tous ces pèlerins « sont morts dans la foi », protégés jusqu’à la fin par la puissance de Dieu, malgré leur faiblesse et leur folie coupables. S’ils tombaient par folie dans des pièges à cause de leur nature pècheresse, et que le Seigneur était dans l’obligation de les discipliner, Il volait néanmoins à leur secours, et les restaurait à la pleine joie de leur salut. Chaque tour et contour de ce pèlerinage est connu de Dieu qui veille à chaque pas de Son peuple. Aucun homme et aucune puissance ne peut les ravir de Sa main. 
Les croyants n’oublient jamais qu’ils sont en route vers ce lieu où il n’y a ni mort, ni péché, ni souffrance, et dès à présent, ils ont les « arrhes » de leur héritage ou « l’acompte », pour ainsi dire, une nouvelle nature, un nouvel entendement ainsi que des facultés et des joies spirituelles.

Le don de l’Esprit
     Peut-il y avoir un plus grand privilège ou une plus grande source de puissance autre que d’avoir le Saint-Esprit habitant en nous comme hôte divin ? Il nous est dit dans Jacques 4:5 que c’est avec jalousie que Dieu chérit les croyants pour les préserver du monde et les maintenir tout près de Lui.
Le Saint-Esprit touche la conscience des croyants et les met en garde contre le péché. Il touche également leur cœur pendant qu’ils lisent les Écritures dans la prière, approfondissant ainsi leur connaissance. Il arrive même des moments où Il les touche si profondément qu’ils expérimentent une élévation inhabituelle de leur esprit parce que le Saint-Esprit leur donne une si grande réalisation et une profonde appréciation de ce qu’ils lisent.

Pendant que les croyants résistent et mettent à mort le péché, le Saint-Esprit les fortifie, leur permettant de triompher. Pendant qu’ils s’efforcent à adopter de meilleures attitudes, c’est l’Esprit qui les aide à pouvoir aimer, se réjouir, être en paix, et à acquérir tous les autres aspects du fruit de l’Esprit. « Marcher selon l’Esprit », c’est avoir l’influence de la puissance divine sur soi, et c’est avoir la joie d’un progrès certain sur le chemin de la sanctification. 

Le privilège de la providence
    Un autre avantage d’une valeur inestimable lors de notre pèlerinage est la certitude que Dieu veille sur notre route, mettant à profit chaque situation pour notre bien spirituel éternel, et tissant tous les fils de la vie afin d’accomplir Son dessein en nous.
Un non-croyant peut accepter un emploi dans un pays étranger, et s’apercevoir que rien ne se passe comme prévu, et que toute cette aventure n’a été qu’une erreur monumentale. Il peut se dire : « Je me suis fourré dans de beaux draps, et ayant fait mon lit, je dois m’y coucher. J’ai signé un contrat de plusieurs années. Je serai malheureux pendant des années, et j’en assume l’entière responsabilité. »
Le croyant pèlerin ne réfléchit jamais en ces termes parce qu’il est capable de dire : « Le Seigneur m’a appelé à un voyage spirituel. Il sera mon Guide et me conduira à bon port. » Quelle différence ! Celui qui nous appelle n’est autre que le Dieu vivant, le Sauveur du monde. Lorsqu’Il appelle, Il préserve. Nous nous disons : « Il va certainement me diriger tout au long de mon voyage. Je ne suis pas un volontaire, mais un appelé. Le Seigneur m’a donné le statut de résident temporaire sur cette terre, et je sais bien cela. –
Celui qui m’a fait parvenir ou je suis
Me conduira jusqu’à la fin de mon voyage
« Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus Christ. » C’est cela l’œuvre de Christ qui ne peut être contrecarrée. Il nous en a donné la preuve en mourant sur la Croix du Calvaire pour nos péchés, et nous sommes tombés à Ses pieds dans la repentance et dans la foi en réponse à Son appel. Dans ce voyage, nous ne sommes pas des touristes, mais des appelés, et le Seigneur de manière providentielle veille sur notre voyage.

Le privilège des bénédictions spéciales
      Ici, nous avons une autre bénédiction dans notre voyage de pèlerin. Ce n’est pas une randonnée à travers un large désert sans relief. Ce monde est certainement un désert pour les croyants, mais il y a beaucoup d’oasis pour nous rafraîchir et nous redonner espoir. Il existe, bien entendu, une oasis dans nos vies tous les jours lorsque nous sommes avec le Seigneur et avec Sa Parole. Nous passons parfois par des saisons de bonheur spécial, de tranquillité, de bénédictions et d’utilité. Et puis, il y a la riche oasis de la communion avec les autres membres et notre famille spirituelle, à laquelle seuls un éloignement hautain, un esprit critique et la médisance peuvent nuire. 
Enfin, il y a des centaines de fois où nous tombons sur une « oasis de fraîcheur » au moyen d’exaucement à la prière comme nouvelle preuve de puissance de Dieu. Le Seigneur n’a pas laissé Son peuple sans encouragement, sans réconfort et des promesses de Sa protection le long du chemin.

Les choses « à faire » et « à ne pas faire » dans le pèlerinage
     Considérons à présent certaines des choses que les pèlerins doivent ou ne doivent pas faire, et qui font toute la différence dans un pèlerinage. Nous allons les aborder de manière directe, la première étant un avertissement : faites très attention à ne jamais vous installer confortablement. Vous êtes un pèlerin, « ne posez jamais les pieds pleinement » ! Nous ne parlons pas ici de choses spirituels, mais de choses terrestres.
Ne vous enracinez pas et ne dépendez pas des choses terrestres, au point de ne pas pouvoir vous en passer. Par contre, si vous convoitez quelque chose, ne cherchez pas à le posséder, parce qu’il deviendra un piège pour vous.
Ne sommes-nous pas déjà tombés dans ce piège ? Quelque chose de très précieux arrive dans votre vie, comme posséder une maison, ou un objet de grande valeur, un divertissement ou un vêtement, et cette chose nous devient si importance qu’elle absorbe notre fascination et attire toute notre attention. Nous nous impliquons et nous sommes dédiés à cette chose qui s’oppose en tout contre l’esprit de pèlerinage. 
Peut-être que nous réalisons ceci : ce n’est pas une chose immorale, mauvaise ou horrible, mais elle nous réclame trop de notre énergie, et par la grâce de Dieu, nous décidons de la mettre de côté. Nous nous disons que nous sommes des pèlerins, et nous sommes prêts à aller de l’avant sans obstacle, dévoués au Seigneur et à Sa cause. Appelés à être des pèlerins, juste de passage, nous n’osons pas nous installer confortablement, permettant à des choses terrestres de nous lier et de nous retenir. 
Une autre règle du pèlerinage est de se souvenir que chaque étape de la vie est temporaire. Sommes-nous jeunes ? Nous ne le serons pas pour toujours. Le temps s’écoule et nous devons nous départir de notre jeunesse. Le pèlerin sérieux dépense sa jeunesse à préparer l’étape suivante, au lieu de s’accrocher à l’étape présente. Les jeunes hommes doivent penser au mariage. Dans notre monde impie d’aujourd’hui, cela n’est pas vu comme un devoir, mais pour les croyants, c’en est un, à moins que le Seigneur ne nous dirige autrement. Nous ne voulons certainement pas développer un esprit de charmeur ou de séducteur, mais un esprit de prière et un cœur rempli de bonne volonté. 
Dans le monde, lorsque l’on interroge les jeunes gens sur leur but dans la vie, ils répondent généralement en citant quelque chose qu’ils aiment particulièrement, comme si le plaisir est la base même du choix d’un métier. Mais les pèlerins qui appartiennent au Seigneur pensent plus à des métiers qui seront utiles et qui leur permettront de servir le royaume de Dieu, et si possible, faire du bien à tous. Le mondain vise son plaisir personnel, la satisfaction et l’accomplissement, mais le pèlerin vise le service de Dieu et les bonnes œuvres. Le jeune pèlerin se forme pour la prochaine étape de la vie, imitant des chrétiens tels que Hudson Taylor, qui dans sa jeunesse s’est imposé un régime alimentaire, se refusant nombre de conforts légitimes afin de se conditionner et d’être fort pour son ministère de pionnier missionnaire en Chine. 
Une chose à ne pas faire, et qui est valable pour tous les âges, est de ne jamais mettre de côté les priorités spirituelles, et de ne jamais perdre de temps. J’ai connu un chrétien qui avait dans son jardin un joli circuit ferroviaire, bien construit, soigneusement conçu et élaboré et qui marchait. Le moteur, les wagons et les rails étaient assez larges, pouvant transporter des enfants, et tout cela ne laissait personne indifférent. Mais comment un chrétien peut-il justifier du nombre d’heures, voire d’années, consacrées à construire un si grand jouet ! Ne gaspillons jamais le temps qui appartient au Seigneur. On peut se demander ce que John Wesley aurait fait dans cette situation. Nous lisons que lorsqu’il visitait une maison dans laquelle était exposée de la vaisselle en argent, il se l’appropriait ouvertement pour son orphelinat. Les pèlerins ne peuvent pas gaspiller leur temps et donner leur cœur à des idoles terrestres. Ils ont une approche très pratique aux choses matérielles de la vie. 
Le temps, cependant, n’est pas uniquement consacré à l’entretien de la maison, aux possessions et aux divertissements, il est parfois passé à ne rien faire, à l’oisiveté. Il se peut que nous ayons été malade ou éloigné du service pendant un temps ; soit pour raison de travail ou d’études intenses. Néanmoins, nous devons reprendre les bonnes habitudes le plus tôt que possible et nous engager de nouveau dans le service du Seigneur. Oui, le temps est court, et nous sommes des pèlerins. Nous sommes ici pour faire de sorte que chaque étape de la vie compte pour le Seigneur, et nous devons donc vite retourner à la tâche et nous dévouer à participer aux activités de la semaine, tout en résistant à toutes les avances du monde, de la chair et du diable. Le beau cantique de Thomas Hornblower Gill contient une strophe qui nous pousse à réfléchir:
Je ne voudrais pas Seigneur,
qu’animé d’un zèle insensé,
Je m’égare dans ce monde,
Gravissant d’un pas lourd
Et fatigué la montagne céleste
  
Le compositeur pensait à ceux qui attendent la fin de leur vie avant de s’engager dans le service du Seigneur, lorsque les années de leur énergie et de leur capacité sont épuisées.
      Les pèlerins non plus ne font pas de détours. J’ai connu un homme, un chrétien engagé, qui avait acheté une maison bien plus grande que nécessaire. C’était une très belle maison individuelle avec je ne sais combien de chambres. Tout cela a captivé son cœur, mais a ruiné son service, absorbé ses ressources, et bien évidemment consumé sa vie. Nous ne pouvons pas laisser une telle chose nous arriver, dans quelque domaine que ce soit dans notre vie. Nous ne pouvons pas prendre des engagements susceptibles de nous dominer, et d’anéantir toute notre utilité chrétienne.
Une autre chose à ne pas faire, concerne les complaintes et les murmures. C’est ici la menace qui a fait que les enfants d’Israël ont tourné en rond, et ont été retenus si longtemps loin de leur destination finale. William Cowper nous donne le remède parfait pour ce manque de foi :
Que la moitié du souffle vainement gaspillé
En supplication vers le Ciel,
N’ait été offert tel ce chant joyeux
‘Écoutez ce que le Seigneur a fait pour moi’  

Une autre chose à ne pas faire, c’est de s’opposer entre frères. C’est là une désobéissance directe à la loi parfaite de Christ qui prescrit à Son peuple de s’aimer les uns les autres. Il y a des croyants attachés à la Bible qui déchargent leur colère sur les autres, causant d’énormes torts, et attristant le Saint-Esprit pendant des années, lorsque cette colère n’est pas maîtrisée. Nous entendons parler de pasteurs nouvellement appelés par des églises, qui y découvrent une hostilité entre les croyants qui dure depuis des années. Quelle tragédie ! Des pèlerins authentiques ne laissent pas de telles choses ruiner leur vie. 
Nous osons même dire que les pèlerins s’habillent de manière spéciale pour le voyage, et nous devons en faire de même. Dans leur comportement et dans leur apparence, les croyants ne ressemblent pas du tout aux mondains qui se délectent dans la vie de la chair et veulent faire partie de ses courses effrénées les plus basses. Les croyants authentiques ne suivent pas le style d’habillement vantard, et n’imitent pas la coupe de cheveux qui envoie un message de « rébellion ». Les églises émergentes et missionnelles semblent encourager ces modes mondaines, certains de leurs pasteurs d’âge mûr se présentent comme des adolescents « bobos » habitués à la vie de rue, désespérés, semble-t-il, de s’éloigner autant que faire se peut de l’image du voyageur et du pèlerin.
Dieu nous bénit au moyen du discernement et de la compréhension si nous vivons comme des pèlerins, mais ces privilèges, comme bien d’autres bénédictions, sont conditionnés par la manière dont nous vivons. C’est le message du célèbre onzième chapitre d’Hébreux  11 – les chroniques de la foi et du pèlerinage. L’esprit pèlerin nous apporte une riche expérience spirituelle, en même temps que l’efficacité et l’utilité. Notre confiance s’accroit davantage parce que nous l’avons vu mise à l’épreuve à maintes reprises. Nous progressons en sainteté par Sa grâce et Sa puissance, et nous gagnons de surcroit une vue du ciel beaucoup plus grande. 
Nous ne devons pas nous attarder à regarder avec convoitise aux choses matérielles ou à chercher à obtenir la renommée dans ce monde. Pensons plutôt à la fin du voyage, et examinons toutes choses à la lumière de la question suivante : « En quoi ceci affecte-t-il mon pèlerinage ? »
Il est extrêmement triste de constater que la tendance mentionnée plus haut existe parmi les chrétiens. Elle a complètement rejeté ce concept de pèlerinage, et s’impose dans les soi-disant églises émergentes et missionnelles dont la plupart recommandent des choses extraordinaires. Elles souhaitent que les chrétiens tournent le dos à l’église traditionnelle – beaucoup demandent de laisser-tomber la prédication –, et les encouragent à devenir entièrement informels.
Ils nous disent que pour gagner les gens à Dieu, nous devons leur ressembler. Ainsi donc, nous devons aller voir tous leurs films (avec eux en plus), afin d’en discuter avec eux. Faisons les mêmes choses qu’eux, disent-ils : danser, fréquenter les bars, et selon eux, une telle normalité est vitale. Il suffit de se fondre avec les gens, et vivre comme des mondains, car être normal est vital. Ils ne disent pas cela exactement en ces termes, mais c’est ce qu’ils sous-entendent. Nous devons ressembler aux mondains, agir comme eux, nous mélanger avec eux dans leurs activités et plaisirs. Plus nous faisons cela, plus grande sera notre influence sur eux. Les églises libérales qui rejettent l’Évangile ont épousé cette ligne de pensée et d’action, et les auteurs des églises missionnelles n’ont fait que l’adopter. Mais cette méthode est l’exact opposé de ce que les croyants attachés à la Bible ont cru des siècles durant, et surtout elle est en contradiction avec la Parole de Dieu.
Et pourtant, on peut aller dans n’importe lequel de ces nombreux collèges bibliques au Royaume-Uni et recevoir un diplôme sur comment « faire l’église » d’après cette nouvelle école de pensée. Charles H. Spurgeon disait : « Nous ne savons jamais ce qu’ils vont nous faire entendre d’autre. Nous mourrons peut-être d’étonnement. »
Certaines des choses que nous entendons aujourd’hui sont si invraisemblables, si anti-bibliques, et si erronées, que nous sommes bouleversés rien qu’à les entendre. Nous ne devons jamais perdre de vue le fait que le Seigneur nous a appelés hors de ce monde. Nous devons avoir la passion des âmes et œuvrer en conséquence pour leur salut.  Nous ne pouvons cependant pas faire cela si nous rejetons le concept de pèlerinage et attristons le Saint-Esprit de Dieu.
« Je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus Christ », dit l’apôtre Paul (Philippiens 3:14). Nous allons de l’avant comme pèlerins, comme peuple différent de ce monde déchu et perdu, ayant été appelés hors de ce monde, tout en y gagnant des âmes par la puissance du Saint-Esprit. Notre devoir est de les appeler à en sortir, et non de les encourager à s’y fixer confortablement. Voici en effet la seule attitude de la vie et du service chrétiens qui en vaillent la peine : vivre en pèlerins.