Le Jardin d’Éden

« Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée » (Genèse 2:1).

Au sujet de la Bible, les cyniques prétendent souvent que les récits de Genèse chapitres 1 et 2 se contredisent. Qu’en est-il ? Il est clair que ces affirmations émanent de personnes qui lisent Genèse avec peu d’attention. Ils se trompent énormément et leurs arguments sont facilement réfutables. Au contraire, le livre de la Genèse est admirablement précis et cohérent.

Tout naturellement, ces allégations apparaissent en tête des recherches sur internet et si vous tapez sur Google le mot Genèse, Adam ou Ève ou la création, la multitude d’articles qui vous sont proposés affirment qu’il existe de nombreuses divergences entre ces deux chapitres.

Il y a de cela cinquante ans, l’auteur de ces lignes recherchait ces prétendues contradictions entre Genèse 1 et 2 avec une classe biblique de jeunes. Je recommande au lecteur qui a affaire à des groupes de jeunes d’en faire de même. Il s’agit d’un grand thème pour autant que vous ne le rendez pas trop compliqué et on peut facilement démontrer combien les critiques de la Bible sont invariablement injustes et inappropriées, voire excessivement déraisonnables.

Il y avait deux arbres au milieu du Jardin d’Éden : l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ou l’arbre de la mort. Les prédicateurs puritains avaient l’habitude de souligner que la préoccupation de Satan avant la Chute était de persuader nos premiers parents de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal afin qu’ils meurent une bonne fois. Et depuis lors, la principale occupation de Satan a été de persuader les gens de ne pas manger de l’arbre de vie. Nous pouvons résumer toute l’activité satanique dans ce simple tableau.

Au terme du sixième jour de la création, nous lisons : « Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée », ce qui signifie les étoiles et les planètes, les plantes et les animaux, ou les « ornements » et les « meubles » comme les ont décrits certains. « Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite ». Il est évident que le travail créatif fut achevé le sixième jour, le septième étant ce qui a été appelé « le repos de Dieu ». Celui qui n’a pas besoin de se reposer, étant éternellement infatigable, s’est reposé en ce sens qu’Il a mis fin à son œuvre de création ex-nihilo, ayant produit un monde parfait.

Six jours littéraux

       Il est également clair que les six jours de la création correspondent à six jours littéraux de vingt-quatre heures. Sept textes du Nouveau Testament, dont une parole du Christ et six autres de l’apôtre Paul, confirment que la création fut conçue en six jours ordinaires. Nous ne doutons donc pas, la Bible étant son propre interprète, qu’il s’agissait bel et bien de six jours littéraux de vingt-quatre heures. Mais nous passons directement à Genèse 2:3, « Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant ». Voici ainsi le principe du sabbat, justifiant un jour perpétuellement considéré comme béni, sanctifié par Dieu, un jour mis à part et déclaré saint et spécial. Ce jour est devenu un jour de grâce, de privilège, et une commémoration de la création.

Dédié à l’adoration

       Dieu n’a évidemment pas agi ainsi dans Son propre intérêt, car contrairement à nous, Il vit en dehors du temps et n’a pas besoin de repos. Ce jour mis à part l’a été pour le bien de l’homme, pour être un jour de repos des travaux ordinaires, un jour consacré à l’adoration. Si Adam et Ève avaient continué à cultiver le Jardin dans un état de félicité, il y aurait eu un repos sabbatique tous les sept jours. Malheureusement ils ont failli, mais l’ordonnance de Dieu, instituée avec la création, continue, et nous devons supposer que les premières générations de l’humanité, certainement les personnes pieuses, ont observé l’ordonnance du sabbat comme un mémorial de la création de Dieu.

Cette loi divine a été inscrite dans le quatrième commandement du temps de Moïse. Elle était fermement reliée à l’ordonnance originale promulguée avec la création par les mots : « Souviens-toi du jour du repos », comme pour dire qu’elle avait toujours existé. Dès l’origine du temps, l’homme avait l’obligation de s’en souvenir et de réserver ce jour à Dieu. Ce principe s’est ainsi perpétué à travers les âges.

Lorsque les apôtres, par inspiration directe, ont commencé à se réunir pour le culte le premier jour de la semaine (le jour de la résurrection du Sauveur d’entre les morts), le jour a changé, passant du septième au premier jour de la semaine, mais le principe du sabbat est resté le même.

Il y a quelques années un pasteur connu est venu me voir et, au cours de la conversation, il m’a  soudain déclaré, presque avec un ton de défi : « Je ne suis pas un défenseur du sabbat ». Il rejetait avec une certaine dérision la notion d’un principe du sabbat et l’obligation permanente d’honorer le quatrième commandement. Quelle grande honte pour lui-même et pour son église, parce qu’il s’agit d’une ordonnance créationnelle pour le bien du peuple de Dieu. À l’époque de Moïse, elle a acquis une signification qui allait au-delà de la création : elle comprenait la commémoration de la délivrance d’Égypte, et la rédemption en est devenue une composante majeure. Dans le Nouveau Testament, lorsque le jour est devenu le premier jour de la semaine, elle a également ajouté la commémoration du Calvaire et de la résurrection, une rédemption encore plus grande.

En Genèse 2:4, nous lisons : « Voici les origines [générations]  des cieux et de la terre, quand ils furent créés ». Les versions modernes ont tendance à laisser tomber le mot « générations » pour d’autres termes comme : « voici l’histoire », ou « voici le récit de », mais le terme « générations » est plus approprié et particulièrement important. Il est utilisé dix fois dans la Genèse, chaque occurrence introduisant une nouvelle section du récit historique. Plus loin nous trouvons : « Voici le livre de la postérité d’Adam », là où nous sont présentés les descendants immédiats d’Adam et Ève. Toutefois, la première fois que ce terme est utilisé, nous lisons : « Voici les origines [générations] des cieux et de la terre » (Genèse 2:4), ce qui signifie que la première section du récit de la Genèse rapporte principalement ce que la terre (traitée comme si elle était un parent) a porté comme fruit.

Les gens qui n’ont aucun respect pour la Bible ont déclaré que Genèse 1 et 2 se contredisent. Mais ils ne réalisent ni ne prennent note du fait que Genèse 2:4 inaugure une nouvelle section du récit qui nous fournit une plus grande information que ne le fait le récit résumé de la création dans le premier chapitre.

Lorsque, par exemple, le chapitre 2 fait référence au « jour » où Dieu a créé la terre et les cieux et aux « arbustes des champs », il est immédiatement clair que la vie végétale n’a pas été créée le même jour que la terre et les cieux. Il est insensé de prétendre que le chapitre 2 constitue une version révisée de l’ordre de la création. On pourrait passer beaucoup de temps à répondre à ces critiques sous-informées, mais notre but ici est plutôt d’explorer le sens de ce passage.

Genèse 2:6 déclare : « Mais une vapeur s’éleva [monta] de la terre, et arrosa toute la surface du sol ». Dieu arrosa la terre et produisit ensuite les plantes à partir de celle-ci. Après cela (au sixième jour) : « L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant ». Le Seigneur insuffla à l’homme quelque chose de spécial qui ne fut pas donné aux animaux. Cela est plus que la vie et le fait d’être animé, car cela décrit l’élément spirituel dans l’homme.

Le langage de l’Artiste, qui révèle comment Dieu a fait toutes choses en ayant l’homme dans sa pensée, se retrouve encore en Genèse 2:8 : « Puis l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’orient ». Cette mention géographique nous montre qu’il y eut un temps où l’on pouvait localiser l’emplacement réel du Jardin d’Éden. Peut-être que le déluge en a effacé toutes les traces. Aujourd’hui certains pensent qu’il se trouvait en Irak, d’autres le situent ailleurs, mais à l’origine, c’était un lieu précis : « du côté de l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé ». Le terme « formé » est un terme du vocabulaire artisanal. Nous pouvons relever les mots qui suivent : « L’Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger ». Tout cela a été conçu pour la race humaine.

Lorsque l’homme fut placé dans le Jardin d’Éden pour le cultiver et le garder, il n’avait pas à travailler d’une manière coûteuse ou pénible pour lui. La pénibilité du travail survint plus tard avec la malédiction (Genèse 3:19). Avant la Chute de l’homme, c’était le plaisir et la joie, une activité qui mettait en jeu ses meilleures capacités et aptitudes. Nous ne pouvons qu’imaginer une forme de jardinage créatif sans corvées ni aspects négatifs, sans détérioration ni décomposition, sans mauvaises herbes envahissantes et indésirables, de sorte que tout était épanouissant, agréable, constructif et d’une beauté époustouflante. Nous constatons que même dans l’environnement idéal du Paradis, l’homme était fait pour « travailler ». Avant la Chute, la mise en œuvre des pouvoirs et des dons de l’homme était le but de Dieu pour lui. Il était et est toujours constitué pour être actif dans un travail déterminé, aujourd’hui, dans la vie séculière et ecclésiastique. Les églises inactives sont insatisfaites et déséquilibrées, et elles ne sont pas bénies. Nous sommes faits pour servir de manière productive dans toutes les sphères de notre vie.

La mise à l’épreuve de l’homme

        Notre attention est immédiatement saisie par les mots clés en Genèse 2:16-17, où une grande épreuve est placée devant le premier homme et la première femme. Dieu leur offrait tous les fruits délicieux pour leur plaisir à l’exception du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cela est considéré, à juste titre, comme une alliance entre Dieu et l’homme, Dieu donnant librement à l’homme beaucoup de choses (vie, foyer, bonheur, nourriture et but), et l’homme étant, pour sa part, tenu d’obéir à Dieu. Cette obéissance était tout à fait facile, car il n’était pas demandé à Adam d’accomplir quoi que ce soit de difficile, mais seulement de renoncer à faire une chose dont il n’avait pas besoin. Pour son bonheur, il n’avait pas besoin de la connaissance du bien et du mal.

En d’autres termes, le seul devoir de l’homme était de ne pas être hostile à la volonté de Dieu, ni de s’y opposer. Il allait avoir tout ce qu’il y a de beau et merveilleux, tout en faisant confiance au Seigneur et en observant la seule interdiction dans un Jardin aux dispositions magnifiques.

Non seulement le devoir donné à l’homme était facile et léger, mais l’avertissement contre la désobéissance était terriblement sévère : « Mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ». Plus tard, en Genèse 3, viendra la Chute, où l’homme mourut à plusieurs égards. Son sentiment de satisfaction a pris fin, son bonheur parfait a volé en éclats, sa communion intime avec Dieu fut rompue, son statut devant Dieu fut ôté, sa béatitude éternelle l’a quitté et sa sécurité s’est envolée. La mort physique s’est ainsi étendue à tout le monde, conduisant à la mort spirituelle et amorçant le processus de la mort de tout le corps.

Avant de retracer la Chute de l’homme, on nous fait part de l’entrée dans le Jardin de la première femme. Tout d’abord en Genèse 2:19, on trouve la nomination des animaux. La question de savoir s’il s’agissait des principaux représentants de chaque espèce, ou plus, ou simplement de ceux qui seraient rencontrés dans le Jardin, est un sujet de débat. On les fit venir vers Adam qui les nomma. Il n’y avait pas de prédateurs dans ce lieu parfait, pas de griffes adaptées à l’agression, pas de mâchoires béantes, ni de venin, mais toutes les créatures étaient dociles devant le premier homme. On voit Adam, dans la dénomination des animaux, comme un penseur habile et un étudiant en zoologie. En tant que maître de la création, il était capable de catégoriser les animaux, en les nommant sûrement en fonction de leurs caractéristiques distinctives.

Mais parmi les animaux, Adam ne trouva pas de compagnon qui lui corresponde. Non pas qu’il en cherchait un parmi eux, car il était sans aucun doute clair pour lui qu’il était leur maître, et de loin supérieur. Mais à mesure qu’il étudie les animaux et prend connaissance de leurs pouvoirs et de leur beauté, il lui devient manifeste qu’il est seul, sans un digne ami terrestre. Sa solitude n’aurait pas été une source de chagrin, car Dieu lui avait donné le bonheur parfait, mais il lui est peut-être apparu clairement que Dieu avait l’intention de lui donner une autre disposition, bien plus merveilleuse, quelqu’un d’égal à lui, une aide semblable.

Nous pouvons nous demander pourquoi le Seigneur a fait Ève à partir d’Adam et non de la poussière de la terre, comme cela a été pour lui. Adam en a tout de suite compris la raison, décrivant Ève comme « os de mes os et chair de ma chair ». Elle était essentiellement la même que lui, bien qu’elle ait reçu un corps et un appel différents. Adam ressentait sans aucun doute le concept d’appartenance réciproque et d’engagement à n’être qu’une seule chair, traduit par la façon dont Ève avait été créée.

Bénéficiaire égale

         Adam a été formé le premier, Ève ensuite comme son aide, ce qui indiquait la place prépondérante de l’homme. Mais Ève ne lui était pas aussi subordonnée qu’elle le devint après la Chute, lorsque Dieu fit une plus grande différence entre eux : ses désirs se porteront « vers son mari », mais « il dominera » sur elle. Autrement, à la création, elle a été créée égale à lui, une « aide semblable » à lui, bénéficiaire égale dans la mission d’assujettir la terre et de dominer les animaux. La création de l’homme n’était pas complète tant que la femme n’était pas formée, puis ensemble ils ont constitué l’humanité. Lui possédait des pouvoirs et des dons qu’elle n’avait pas, et elle possédait ceux qui lui faisaient défaut. Cela était vrai pour la question évidente de la capacité à porter des enfants, et à bien d’autres égards. Alors qu’après la Chute, il y aurait un chef masculin dans l’église et la famille, toutefois dans le mariage, les hommes et les femmes sont des contributeurs mutuellement dépendants qui se valorisent et qui se respectent les uns les autres. Ils ont besoin l’un de l’autre et ne devraient jamais perdre cela de vue. Bien que le mari soit le chef de l’union, il doit toujours considérer sa femme, en tenant compte de ses opinions, de ses idées et de ses sentiments, et en faisant preuve d’une sensibilité, d’une gentillesse et d’une prudence sans faille.

Certaines cultures dans le monde (et certains chrétiens) se trompent, car ils déclarent l’homme non seulement dominant, mais aussi supérieur et spécial. Il est autorisé à être rude, méchant et dédaigneux envers elle, décriant ses sentiments et ses opinions comme inadéquats et sans importance. Il est le souverain absolu, une attitude qui ne correspond pas du tout à « os de mes os et chair de ma chair ». Il n’y a aucun signe de vocation et d’appartenance réciproque. C’est une conception ignorante et arrogante de la virilité. Dans certains groupes américains qui prétendent mettre l’accent sur le mariage et les questions familiales, on trouve l’enseignement absurde selon lequel le mari est le représentant direct du Christ sur terre sur sa femme, et que celle-ci doit lui obéir comme s’il était le Seigneur et que ses décrets sont la parole du Seigneur pour elle. Cet enseignement est fondé sur une exégèse inepte et un déficit évident de sanctification.

Les mots « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2:24) sont les mots inspirés de Moïse, insérant un principe dans le récit. Non seulement ces mots instituent le mariage entre un homme et une femme, mais ils indiquent également que nous ne devons jamais nous comporter comme si le lien entre le parent et son enfant était plus grand que le lien entre le mari et la femme. Pourtant, certains le font. Certains parents s’immiscent dans l’union conjugale de leurs enfants et la dominent, contre la loi de Dieu.

Une nouvelle relation devant Dieu

       Le mariage fait naître une nouvelle union, une nouvelle cellule, et les parents (des mariés) doivent prendre du recul. Ils peuvent donner des conseils et aider discrètement, mais il existe désormais une nouvelle relation devant Dieu. Une fois de plus, dans certaines cultures, il arrive qu’un conseil de famille soit convoqué afin d’imposer au couple la volonté de la famille élargie, mais cela n’est pas conforme à l’Écriture. Dans toutes les cultures, il y a du bon et du mauvais, et partout où la culture sociale est en conflit avec la Parole de Dieu, nous devons la refuser.

Adam et Ève, nous est-il dit, étaient nus et ils n’en avaient pas honte, car la honte n’est venue qu’à la Chute et avec le péché. La honte est l’humiliation produite par la culpabilité, ou l’insuffisance, ou la folie, ou la perte de dignité. La honte quant au péché est générée par la conscience. L’impudeur, qui est due à une conscience endurcie et insensible, autorise la grossièreté et l’obscénité. Elle encourage les gens à croire que la luxure et l’abandon de toute forme de différence sont notre droit et que nous sommes autorisés à les exprimer. L’impudeur, telle qu’elle est promue par les médias aujourd’hui, est un outrage contre les normes de décence et de distinction, et se veut le rejet des inhibitions. Les croyants ne devraient jamais céder au laisser-aller moral de la société actuelle, par exemple en sous-estimant la honte, car cela fait partie de la campagne mondiale pour faire taire la conscience : le moniteur du cœur donné par Dieu, le système d’alerte de la honte et de l’embarras.

Genèse 2 décrit l’achèvement de la création, le principe du sabbat, l’assignation de l’homme au travail, le Jardin du Paradis, la mise à l’épreuve de l’obéissance (ou l’alliance des œuvres), le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et le don de la femme aux côtés de l’homme dans l’institution du mariage. Tous ces concepts fondamentaux se trouvent dans la plus merveilleuse « demeure » jamais construite, le Jardin d’Éden, la maison divinement préparée pour Adam et Ève.