Le péché résiduel en nous

(Extraits d’un sermon prêché à New Park Street Chapel le 1er Juin 1856)


« Job répondit à l’Éternel et dit : Voici, je suis un homme vil ; que te répondrais-je ? » (Job 40:3-4, Bible David Martin).

SI UN HOMME aurait pu dire de plein droit : « Je ne suis pas vil », c’est bien Job. Voici le témoignage éloquent que Dieu a rendu à son sujet : « Cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal ». Pourtant cet éminent saint, lorsqu’il avait reçu, de par sa proximité avec Dieu, suffisamment de lumière pour découvrir sa propre condition, s’est exclamé : « Voici, je suis un homme vil ».

Il s’agit là d’une doctrine enseignée dans l’Écriture Sainte, selon laquelle, lorsqu’un homme est sauvé par la grâce divine, il n’est pas entièrement purifié de la corruption de son cœur. Il n’y a aucun doute que lorsque nous croyons en Jésus-Christ, tous nos péchés sont pardonnés. Mais le pouvoir du péché, même affaibli et maintenu sous la domination de la nouvelle nature que Dieu implante dans nos âmes, ne cesse pas, mais il demeure en nous et cela jusqu’au jour de notre mort.

C’est une doctrine partagée par tous les croyants attachés à la Bible, selon laquelle, dans la personne régénérée, les convoitises de la chair et la corruption de la nature charnelle sont toujours présentes. Or, je soutiens qu’il y a dans chaque chrétien deux natures. Il y a une nature qui ne peut pas pécher, parce qu’elle est née de Dieu : une nature spirituelle, venant directement du Ciel, aussi pure et aussi parfaite que Dieu Lui-même, qui en est l’Auteur. Et il y a aussi dans l’homme, cette nature ancienne qui, par la chute d’Adam, est devenue tout à fait vile, corrompue, pécheresse et diabolique.

Il reste dans le cœur du chrétien une nature qui ne peut pas faire ce qui est juste, pas plus qu’elle ne le pouvait avant la régénération, et qui est aussi mauvaise qu’elle l’était avant la nouvelle naissance, aussi pécheresse, aussi totalement hostile aux lois de Dieu, comme elle l’a toujours été. Cette nature qui, comme je l’ai dit précédemment, est en grande partie freinée et retenue par la nouvelle nature, mais qui n’est pas éradiquée et ne le sera jamais jusqu’à ce que cette tente qu’est notre chair soit détruite, et que nous nous « envolions » vers ce pays dans lequel rien de souillé n’entrera.

Le juste a encore une mauvaise nature

Job dit : « Voici, je suis un homme vil ». Il ne l’avait pas toujours su. Tout au long de la longue controverse, il s’était proclamé juste et droit. Il avait dit : « Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas ; mon cœur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours ».

Mais que s’est-il passé lorsque Dieu est venu plaider avec lui ? Dès qu’il perçut la voix de Dieu le questionnant ainsi dans la tempête : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? », il mit aussitôt la main sur sa bouche et ne voulut répondre à Dieu. Il se contenta de dire : « Voici, je suis un homme vil ».

Certains diront peut-être que Job était une exception à la règle, et que d’autres saints n’avaient pas en eux un tel motif d’humiliation. Mais nous leur rappelons David, et nous les invitons à lire le Psaume 51. Un psaume de pénitence, où David déclare qu’il est né dans l’iniquité et que sa mère l’a conçu dans le péché. Il confesse que le péché était enfoui dans son cœur, et supplie Dieu de créer en lui un cœur pur et de renouveler en lui un esprit bien disposé. Dans plusieurs autres Psaumes, David reconnaît et confesse continuellement qu’il n’est pas totalement débarrassé du péché, que la vipère mortifère se tortille encore autour de son cœur.

Veuillez tourner les pages jusqu’au livre du prophète Ésaïe. Là, vous voyez le prophète dire, dans une de ses visions, qu’il était un homme aux lèvres impures et qu’il habitait parmi un peuple aux lèvres impures.

Mais plus particulièrement, sous la dispensation de l’Évangile, vous trouvez l’apôtre Paul, dans ce mémorable chapitre de Romains 7. Là, il déclare qu’il voit dans ses membres une autre loi qui lutte contre la loi de son entendement et qui le rend captif de la « loi du péché ». Oui, nous entendons, dans cette remarquable exclamation, l’expression d’un désir qui combat et d’une intense agonie : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? »

Vous considérez-vous plus saints que Job ? Pensez-vous que la confession qui convenait à la bouche de David est trop lourde pour vous ? Êtes-vous si fiers au point de ne pas pouvoir vous exclamer avec Ésaïe : « Moi aussi, je suis un homme aux lèvres impures » ? Ou plutôt, avez-vous excédé dans l’orgueil jusqu’à oser vous élever au-dessus de l’apôtre Paul zélé pour Dieu et espérer qu’en vous, c’est-à-dire dans votre chair, réside quelque chose de bon ?

Si vous vous croyez parfaitement purifiés de tout péché, écoutez la Parole de Dieu : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous ». Mais je n’ai guère besoin de le prouver, bien-aimés. Car vous tous, j’en suis sûr, qui savez tout de l’expérience d’un enfant de Dieu, vous avez trouvé que dans vos moments les meilleurs et les plus heureux, le péché vous habite encore. De même lorsque vous voulez servir votre Dieu le mieux possible, le péché agit souvent en vous avec plus de fureur.

Remarquez la facilité avec laquelle vous tombez dans le péché. Vous vous levez le matin et vous vous consacrez à Dieu par une prière fervente, en pensant à la journée heureuse qui vous attend. À peine avez-vous prononcé votre prière que quelque chose vient troubler votre esprit, vos bonnes résolutions sont jetées aux quatre vents et vous dites : « Ce jour que je croyais si heureux, a connu une terrible attaque du mal. Je ne peux pas vivre pour Dieu comme je le voudrais ». Peut-être avez-vous pensé : « Je vais monter dans la chambre haute et demander à mon Dieu de me garder ». Eh bien, vous étiez dans l’ensemble gardé par la puissance de Dieu, mais tout à coup, quelque chose a mal tourné, une saute d’humeur vous a sorti de vos gonds, votre cœur a été pris d’assaut, alors que vous ne vous attendiez pas à une telle attaque.

1. Le pouvoir d’obstruction du péché en nous

Que fait le péché qui habite encore dans notre cœur ? Je réponds d’abord que l’expérience vous dira que ce péché exerce un pouvoir de contrôle sur tout ce qui est bon. Vous avez senti, lorsque vous vouliez faire le bien, que le mal habite en vous. Tout comme le char, qui pourrait descendre rapidement la colline, vous avez eu comme un frein sur vos roues.

Ou comme l’oiseau qui voudrait s’envoler, vous avez découvert que vos péchés, telles les grilles d’une cage, vous empêchaient de prendre votre envol vers le Très-Haut. Vous avez fléchi le genou en prière, mais la corruption a distrait vos pensées. Vous avez tenté de chanter, mais vous avez senti les « hosannas languir sur votre langue ». Une insinuation de Satan s’est allumée, comme une étincelle, et a presque étouffé votre âme avec son abominable fumée. Vous courriez vous acquitter de vos saints devoirs avec empressement, mais le péché qui vous enveloppe si facilement vous enchaîne, et lorsque vous vous rapprochez du but, il vous fait trébucher et tomber pour votre propre déshonneur et malheur.

2. Le pouvoir d’attaque du péché en nous

Deuxièmement, le péché habitant en nous fait plus que cela : non seulement il nous empêche de progresser, mais il nous assaille même parfois. Je ne lutte pas seulement contre le péché qui demeure en moi, mais ce dernier m’agresse même parfois. Vous remarquerez que l’apôtre dit : « Misérable que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? » Cela prouve qu’il n’attaquait pas son péché, mais que ce dernier l’attaquait.

Mon cœur est tout aussi mauvais quand aucun mal n’émane de lui que lorsqu’il est rempli de bassesse dans ses manifestations extérieures. Un volcan reste toujours un volcan. Même lorsqu’il semble éteint, ne lui faites pas confiance. Un lion est un lion, même s’il joue comme un enfant, et un serpent est un serpent, même si vous le caressez pendant qu’il sommeille pour un temps. Son aiguillon contient encore du venin lorsque ses écailles azurées attirent l’œil.

La nouvelle nature doit toujours lutter contre le péché et se battre même quand les deux natures ne sont pas en ordre de bataille. Il n’y a jamais de trêve entre elles. Même lorsqu’elles ne sont pas en conflit, elles restent toujours des ennemies. Nous ne devons à aucun moment faire confiance à notre cœur. Même lorsqu’il parle le plus droitement possible, nous devons le traiter de menteur.

Lorsqu’il prétend être à son meilleur niveau, nous devons toujours nous souvenir de sa nature, car elle est tortueuse, et cela pour toujours. Je ne vais pas mentionner longuement les œuvres du péché intérieur, mais il suffit d’inciter chacun à faire appel à sa propre expérience. Vous pourriez voir alors qu’elle correspond à celle des enfants de Dieu. Oui, vous pourriez être aussi parfait que Job et pourtant déclarer : « Voici, je suis un homme vil ».

3. Le danger du péché intérieur

Après avoir mentionné les actes du péché en nous, permettez-moi de parler, en troisième lieu, du danger que nous courons à cause de nos cœurs mauvais. Peu de gens se rendent compte à quel point il est important d’être chrétien.

Un des dangers auxquels nous sommes exposés en raison du péché vient du fait que le péché habite en nous et qu’il a donc un grand pouvoir sur nous.

Si un commandant dirige une ville, il peut la préserver pendant longtemps des attaques constantes des ennemis extérieurs. Mais si un traître se trouve à l’intérieur de la cité, s’il a la charge des clés pour ouvrir toutes les portes et s’il laisse entrer l’ennemi, combien le travail du commandant sera accru, car il ne doit pas seulement se protéger contre les ennemis à l’extérieur, mais aussi contre les ennemis internes. Et voici le danger qui guette chaque chrétien. Je pourrais combattre le diable. Je pourrais surmonter tous les péchés qui m’ont tenté, si je n’avais pas cet ennemi intérieur.

Comme le dit Bunyan dans son livre La Guerre Sainte, l’ennemi a essayé de faire entrer certains de ses amis dans la Cité de l’âme et il a trouvé que ses compatriotes à l’intérieur des murs lui ont servi bien davantage que tous ceux qui n’y étaient pas. La pire chose à craindre est la trahison de son propre cœur. Et d’ailleurs, Chrétien, rappelle-toi combien de partisans possèdent ta nature malfaisante.

Quant à ta vie selon la grâce, elle trouve peu d’amis sous le ciel, mais ton péché originel a des alliés dans tous les domaines. Ce péché originel regarde vers l’enfer et il y trouve des démons prêts à lâcher les chiens pour les précipiter sur ton âme. Il regarde le monde et voit : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ». Ce péché originel regarde autour de lui et voit toutes sortes d’hommes qui cherchent à amener, si possible, le chrétien à perdre sa fermeté, à baisser la garde. Il regarde dans l’église et il trouve toutes sortes de fausses doctrines prêtes à enflammer la convoitise et à éloigner l’âme d’une foi sincère.

La vieille nature est aussi vigoureuse dans sa vieillesse que dans sa jeunesse, tout autant capable de nous conduire vers l’égarement lorsque notre tête est grisonnante qu’elle l’était durant notre jeunesse.

Nous avons entendu dire que le fait de grandir dans la grâce rendra nos impulsions moins fortes, mais j’ai vu bien des saints de Dieu âgés et je leur ai posé la question à ce sujet. Ils m’ont affirmé que non : leurs convoitises ont été pour l’essentiel aussi fortes après de nombreuses années au service de leur Maître qu’au début de leur marche chrétienne, même si elles étaient davantage dominées par le nouveau principe qui régnait à l’intérieur de leur être.

Malgré toutes les victoires passées et la somme de péchés que j’ai pu vaincre, je pourrais encore être vaincu si la toute-puissance de la miséricorde ne me préservait pas. Chrétien ! Attention au danger qui te menace ! Il n’y a pas un homme au combat qui soit autant exposés à des tirs dangereux que toi, en raison de ton propre péché. Tu portes dans ton âme un traître infâme, même quand il te parle avec justesse, il n’est point digne de confiance. Tu as dans ton cœur un volcan endormi, mais un volcan d’une force si terrible qu’il peut encore ébranler toute ta nature. Et à moins d’être prudent et d’être gardé par la puissance de Dieu, tu as un cœur qui peut te conduire aux péchés les plus sordides et aux crimes les plus infâmes. Prenez garde, ô chrétiens, prenez garde !

4. Réaliser que le péché réside en nous

Et maintenant j’en viens au quatrième point, qui est la découverte de notre corruption. Job disait : « Voici, je suis un homme vil ». Ce terme « Voici » implique qu’il était étonné. Une telle découverte était inattendue. Il y a ces moments particuliers pour le peuple du Seigneur lorsqu’il apprend, par l’expérience, qu’il est vil. Les croyants ont entendu le pasteur affirmer le pouvoir de la convoitise qui est innée, mais peut-être alors ont-ils secoué la tête et dit : « Non, je n’irai pas aussi loin que cela ». Mais au bout d’un certain temps, ils ont découvert, grâce à une lumière plus claire venant du ciel, que c’était après tout la vérité.

Job n’avait jamais autant fait la découverte de Dieu qu’à ce moment. Nous découvrons notre bassesse pas tellement quand nous sommes découragés ou incrédules, même si nous en apprenons quelque chose. C’est lorsque, par Sa grâce, Dieu nous a aidés à gravir la montagne, quand nous nous approchons de Lui, et lorsqu’Il se révèle à nous, que nous sentons que nous ne sommes pas purs à Ses yeux. Nous recevons quelques lueurs de Sa sublime splendeur. Nous voyons la luminosité de Sa robe : « sombre, avec une lumière d’un éclat insupportable ». Après avoir été ébloui par la vue, on connaît une chute. « Voici », dit le croyant, « je suis un homme vil. Je n’aurais jamais su cela si je n’avais pas vu Dieu ».

Bon nombre d’entre vous, sans aucun doute, penseront que ce que j’affirme au sujet de votre vieille nature mauvaise n’est pas vrai. Vous pouvez, peut-être, imaginer que la grâce a mis fin à votre nature malfaisante. Mais vous connaissez peu la vie spirituelle si vous supposez cela. Il ne faudra pas longtemps avant que vous trouviez le vieil Adam aussi fort en vous que jamais. Une guerre se déroulera dans votre cœur jusqu’au jour de votre mort. Une guerre dans laquelle la grâce prévaudra, mais non sans soupirs, gémissements, agonies, luttes et une mort quotidienne. C’est la façon dont Dieu nous montre notre petitesse.

5. La bataille contre le péché résiduel

Cinquièmement, si tout cela est vrai, quels sont nos devoirs ? Permettez-moi de parler solennellement à ceux qui sont héritiers de la vie éternelle, en tant que frère en Christ Jésus, pour vous presser d’accomplir vos devoirs les plus nécessaires. En premier lieu, s’il y a encore une mauvaise nature en vous, combien est-il néfaste de penser que vous n’avez plus rien à faire !

J’ai beaucoup de raisons de déplorer une chose chez certains d’entre vous. Avant votre baptême, vous étiez extrêmement sérieux. Vous étiez toujours présents pour participer aux moyens de grâce et je vous ai toujours vus ici. Mais il y en a certains, certains même ici, qui, dès qu’ils ont franchi ce Rubicon, ont commencé à réduire leur zèle, pensant que le travail était terminé.

Je vous dis solennellement que je sais que certains d’entre vous priaient, étaient attentifs, pieux, vivaient près de leur Dieu jusqu’à ce qu’ils rejoignent l’église, mais depuis lors, ils ont progressivement décliné. Maintenant, il me semble qu’il y a vraiment un doute sur le fait que ces personnes soient chrétiennes. Je vous dis que j’ai de très sérieux doutes quant à la sincérité de certains d’entre vous.

Si je vois une personne qui est moins zélée après son baptême, je pense qu’elle n’avait aucun droit à être baptisée. En effet, si elle avait eu une perception correcte de la valeur de cette ordonnance, et si elle avait été dignement consacrée à Dieu, elle ne se serait pas promptement détournée pour rejoindre les voies du monde. J’ai de la peine lorsque je vois une ou deux personnes qui, auparavant, marchaient avec nous en pleine cohérence, commencer à flancher.

Je n’ai rien à reprocher à la grande majorité d’entre vous quant à votre ferme adhésion à la Parole de Dieu. Je bénis Dieu de ce que vous soyez restés attachés fermement et solidement à Dieu. Je ne vous ai pas vus absents de la maison de prière, et je ne pense pas que votre zèle ait faibli. Mais il y en a quelques-uns qui ont été tentés par le monde et qui ont été égarés par Satan, ou qui, par un changement de circonstances ou par un éloignement, sont devenus froids et ne s’appliquent pas à l’œuvre du Seigneur.

Mes chers amis, si vous connaissiez la méchanceté de vos cœurs, vous verriez la nécessité d’être aussi sérieux aujourd’hui que vous l’aviez toujours été. Oh ! Si, lors de votre conversion, votre ancienne nature avait été coupée net, il n’y aurait pas besoin d’être vigilants maintenant. Si toutes vos convoitises s’en étaient allées totalement et si toute la puissance de la corruption était morte au-dedans de vous, il n’y aurait aucun besoin de persévérer. Mais c’est justement parce que vous avez des mauvais cœurs que je vous exhorte à être aussi sérieux que vous l’avez toujours été pour ranimer le don de Dieu qui est en vous, et à veiller sur vous-mêmes comme vous ne l’avez jamais fait auparavant.

Ne vous imaginez pas que la bataille soit terminée, mes amis, c’est la première trompette, l’appel à la guerre. Cette trompette a cessé de sonner et vous pensez que la bataille est finie. Je vous le dis, non, le combat n’a fait que commencer. Les armées viennent à peine d’arriver sur le champ de bataille et vous venez de mettre votre armure. Vous rencontrerez autant de conflits à l’avenir. Soyez sérieux, sinon vous abandonnerez votre premier amour et vous sortirez du milieu de nous, afin qu’il soit manifeste que vous n’êtes pas des nôtres.

Mes chers amis, prenez garde de ne pas battre en retraite. C’est la chose la plus facile à faire et pourtant la plus dangereuse au monde. Prenez soin de ne pas abandonner votre zèle initial, prenez garde à ne pas vous refroidir du moindre degré. Vous étiez chauds et sérieux autrefois, restez chauds et sérieux, et laissez le feu qui brûlait autrefois en vous, vous animer davantage. Soyez encore des hommes forts et vigoureux, des hommes qui servent leur Dieu avec empressement et zèle.

Je le répète, votre nature malfaisante étant toujours en vous, combien devez-vous être vigilants ! Le diable ne dort jamais, votre nature maléfique ne dort jamais, vous non plus, ne devriez jamais dormir. « Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez ». Ce sont les paroles de Jésus-Christ et il n’y a rien à répéter qui soit moitié moins important que ce mot : « Veillez ». Nous ne pouvons quasiment rien faire de mieux que de veiller.

La corruption habite dans votre cœur, faites attention à la première étincelle de peur qu’elle n’enflamme votre âme. « Ne dormons donc point comme les autres ». Vous pouvez dormir sur le cratère d’un volcan si vous voulez. Vous pouvez dormir la tête devant la bouche du canon. Vous pouvez, si vous le souhaitez, dormir au milieu d’un tremblement de terre ou dans un lazaret. Mais je vous en supplie, ne dormez pas tant que vous avez un cœur mauvais. Veillez sur vos cœurs. Vous pouvez les croire très bons, mais ils seront votre ruine si la grâce de Dieu ne vous en protège pas. Veillez chaque jour. Veillez perpétuellement, prenez garde à vous-mêmes, de peur que vous ne péchiez.

Par-dessus toutes choses, mes chers frères, si nos cœurs sont encore réellement pleins de méchanceté, combien est-il nécessaire que nous manifestions toujours la foi en Dieu. Si j’ai dû faire confiance à mon Dieu au début de ma marche avec Lui, en raison des difficultés du chemin, si ces difficultés n’ont pas diminué, je dois Lui faire confiance tout autant qu’avant. Oh ! bien-aimés, abandonnez vos cœurs à Dieu. Ne devenez pas autosuffisants. L’autosuffisance est le filet de Satan.

Vivez donc, chaque jour une vie de dépendance envers la grâce de Dieu. Ne vous prenez pas pour un gentilhomme indépendant. Ne vous lancez pas dans vos propres affaires comme si vous pouviez tout faire vous-mêmes, mais vivez toujours en ayant confiance en Dieu. Vous avez autant besoin de Lui faire confiance maintenant que jamais.