L’enseignement de Paul sur l’éducation des enfants

Comment éviter un ressentiment à long terme chez l’enfant
  « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Éphésiens 6:4).

Il va sans dire qu’être parents est une immense responsabilité. C’est pourquoi, nous sommes reconnaissants pour chaque parole dans la Bible qui nous aide à accomplir cette tâche. 
   Dans le passage d’Éphésiens 6:4, Paul adresse des instructions aux pères en particulier. Il semble quelque peu délaisser les mères, mais il n’en est rien, bien évidemment. Tout ce qu’il dit ici aux pères s’applique également aux mères. Mais l’apôtre évite cependant d’utiliser le terme grec « parents », et fait tout spécialement reposer sur les pères la responsabilité devant Dieu en ce qui concerne l’éducation des enfants.
   Il commence par les inviter à réfléchir à leur manière d’agir et à s’interroger pour savoir si celle-ci n’est pas susceptible d’irriter leurs enfants. Et ce faisant, il ne fait pas simplement allusion à une irritation immédiate, mais à une exaspération ou à un ressentiment qui pourraient rester enfouis pendant des années. Comment peut-on en fait provoquer l’irritation et la frustration chez nos enfants ?
   Aucun parent ne devrait se sentir visé par les arguments qui suivront, car chacun de nous, en tant que parent, a forcément failli dans de nombreux domaines. Cet article a donc pour but d’aider et non d’offenser. 
   L’avertissement de ne pas irriter nos enfants, s’applique aux enfants et aux jeunes gens de toutes les époques. Ne frustrons pas et n’aigrissons pas nos enfants, nous dit Paul, et cela est si important que l’apôtre le mentionne avant toute exhortation positive.
   Il est clair que l’amertume peut être provoquée par le mauvais caractère et le comportement violent d’un parent, mais ce n’est pas tout. Il y a en effet d’autres erreurs que les parents commettent et qui produisent les mêmes réactions néfastes chez les enfants.
   Voici sept façons de faire qui peuvent provoquer l’irritation ou l’exaspération chez les jeunes gens, que ce soit à court terme ou à long terme

1. L’indifférence

Premièrement, et de la manière la plus évidente, nous pouvons susciter l’amertume et la frustration à long terme chez les enfants, en étant indifférents à leur personne et à leur besoins. C’est très fréquent de nos jours, car après tout, nous vivons dans les temps les plus difficiles de toute l’histoire de l’humanité.
   Nous avons de larges responsabilités à assumer, et nous sommes constamment bombardés par une quantité d’informations en ce siècle de médias. Et dans ce contexte, il est si facile pour les parents de considérer les besoins des enfants comme exaspérants et sans intérêt. Il se peut donc que nous les ignorions, voire que nous les oubliions, ou encore que nous laissions l’autre parent s’impliquer en première ligne. De même, nous pouvons ne nous intéresser que de très peu à leur façon de voir les choses et à leurs intérêts distinctifs, au point de ne pas remarquer que chaque enfant est différent. Il peut également nous arriver d’être indifférents au besoin de compagnie de nos enfants.
   Le temps viendra peut-être alors, où en grandissant, les enfants rejetteront l’autorité parentale. Mais la réalité, c’est que l’on a renoncé au respect et à l’autorité depuis fort longtemps à cause de l’indifférence parentale.
   Lorsque les enfants atteignent les premières et les dernières années de l’adolescence, les parents désirent les protéger des pièges de la société, au plan moral s’entend, et cela bien souvent devient une source importante de conflit. Combien la tâche serait facilitée si leurs affections et leurs respects envers leurs parents restaient intacts.

2. La surprotection ou l’attitude directive

Une deuxième cause d’exaspération des enfants doit être mise en parallèle avec la précédente. Il s’agit des situations dans lesquelles les parents s’intéressent trop à la vie de leurs enfants au point de contrôler ou de diriger à l’excès leurs décisions. Les parents décident tous seuls de l’école que l’enfant doit fréquenter, du sport qu’il doit pratiquer, et quelle matière il devrait étudier. On pousse alors tellement l’enfant que ce dernier n’a finalement ni jugement, ni goût personnel.
   Ceci peut être dû à l’orgueil des parents. L’enfant doit faire ceci et cela, car c’est ce qui fera la fierté des parents quand il sera adolescent ou adulte, et bien évidemment, toute sa vie est prédéterminée. Une direction obligatoire, aussi bienveillante soit-elle, qui ne fait aucun cas de ses préférences et de ses inclinaisons aigrit l’enfant sur le long terme.
   La surprotection peut également frustrée l’enfant. Il existe beaucoup de choses qui amènent à juste titre les parents à se faire du souci pour leurs enfants, et contre lesquelles il faut les protéger. Mais nous devons faire attention à ne pas trop en faire afin qu’en grandissant l’enfant ne soit pas entièrement privé de choses qui pourraient l’intéresser. Les enfants ne sont pas aveugles, et ils voient ce que leurs camarades ont la liberté de faire. Une protection excessive et irraisonnable peut causer de l’amertume chez l’enfant. 
   Il ne s’agit pas ici d’éluder la question de la discipline. Les parents qui laissent leurs enfants s’en tirer avec de l’impolitesse et un mauvais comportement ne font que s’attirer des ennuis pour le futur. Attendre que l’enfant ait seize ans pour introduire des réprimandes peut engendrer son ressentiment, son mépris et plus tard sa rébellion.

3. Des critiques excessives

   Troisièmement, les enfants peuvent ressentir une exaspération grandissante s’ils sont continuellement critiqués et poussés au découragement. Leur intellect et leurs compétences sont en plein développement ; ils font constamment des bêtises, en comparaison des normes fixées par les adultes ; leurs idées sont très souvent immatures, et les méthodes qu’ils emploient pour arriver à leurs fins, parfois étranges.  Mais, ce ne sont que des enfants, et à la lumière de cela, les parents feraient bien de limiter leurs critiques. Les enfants ne peuvent assimilés ou encaissés qu’un nombre limité de critiques avant de se sentir sous-estimés et frustrés.
   Il est facile de décourager le jeune en brisant ses rêves et mettant fin à ses aspirations. Les enfants échafaudent de nombreux projets et leurs opinions changent tous les deux ans, voire tous les deux mois. Ne les décourageons pas. Si leurs rêves ne sont pas intrinsèquement mauvais, eh bien laissons-les rêver (surtout les plus jeunes). Tout compte fait, ils ne s’engagent pas sur un chemin qu’ils suivront toute leur vie. Si les enfants sont encore petits, on ne se comportera pas à leur égard comme si l’on conseillait des adolescents. Qu’importe, n’est-ce pas, si le cœur de l’enfant l’incline à devenir un conducteur de train plutôt qu’un astronaute ?
   Lorsque les jeunes adolescents caressent des rêves totalement inaccessibles et inappropriés, il peut être nécessaire de trouver des moyens amicaux pour les en dissuader. Et même là, la plus grande attention et le respect sont nécessaires. Il ne faut donc en aucun cas saper l’activité intellectuelle d’un enfant, pour peu cependant qu’elle soit saine. 

4. L’échec à s’adapter à leur croissance

Quatrièmement, et en référence à l’argument précédent, l’exaspération peut être provoquée chez les enfants par le manque d’ajustement des parents à la croissance de leurs enfants. Nous sommes parfois très lents à faire cet ajustement. Ce n’est que progressivement que les enfants deviennent des adultes, et que nous devons leur céder la direction de leur vie, même si cela implique qu’ils commettront des erreurs. Si nous traitons un enfant de quinze ans de la même manière que s’il en avait encore dix, cela peut déboucher sur une véritable rébellion.

5. Le mauvais caractère

   Cinquièmement, tout le monde est unanime pour dire que l’on provoque la colère chez l’enfant par l’hostilité, le mauvais caractère, la maltraitance et l’utilisation excessive des châtiments. Si les parents sont fatigués et tendus, ils peuvent mal réagir et ce de manière injustifiée. En dépit de leur amour pour leurs enfants, ils peuvent succomber à la mauvaise humeur et punir leurs enfants à cause de leur frustration plutôt que d’agir dans un bon esprit de correction. Le degré de châtiment dépend donc de l’état émotionnel du parent.
   Il se peut qu’une profonde frustration ne soit pas immédiatement apparente parce que les enfants s’en remettent rapidement, et surmontent facilement les épreuves. Mais au plus profond d’eux, une sorte de dette est en train de s’accumuler, et le temps viendra où ils refuseront tout traitement irraisonnable. Ce faisant, l’autorité parentale est discréditée et méprisée.
   De plus, ce que nous faisons à l’enfant peut se retourner contre nous quand l’enfant atteint l’adolescence. Veillons donc à ce que l’hostilité et la correction excessives ne provoquent pas la colère chez nos enfants.

6. L’injustice

Sixièmement, se montrer injuste envers l’enfant, l’aigrit et le frustre, particulièrement au fil du temps. Le point précédent a traité de l’injustice dans le domaine de la correction, mais on peut aussi se montrer injuste dans la façon dont on distribue le blâme entre les enfants. Pour trancher dans certains cas, il nous faudrait souvent la sagesse de Salomon, et si l’on se montre fréquemment injuste, l’autorité parentale risque de voler en éclats. L’exaspération peut également s’installer chez les enfants si la cause de la discipline n’est pas évidente ou n’a pas été expliquée. Sonne-t-elle chez nous comme un coup de tonnerre ? Un enfant peut se demander : « Qu’y-a-t-il de mauvais à cela ? » ou « Pourquoi ne puis-je pas faire cela ? ».
   Le favoritisme est une autre injustice, et est source d’un autre échec. Si un enfant est plus choyé que l’autre, le parent fautif peut ne pas s’en rendre compte, mais l’enfant délaissé s’en aperçoit facilement. Si un enfant subi une plus grande correction qu’un autre pour la même faute, ou si l’un reçoit plus d’encouragements que l’autre pour le même accomplissement, la direction et l’autorité parentales sont en danger. De même, s’il existe une disparité dans la chaleur de l’accueil ou de l’approbation, il faut s’attendre à coup sûr à de futurs problèmes.

7. Le manque d’exemple

   Une septième façon de provoquer l’exaspération chez les enfants est le manque d’exemple parental. Il est clair que si les parents font eux-mêmes des choses pour lesquelles ils punissent ou réprimandent leurs enfants, il s’ensuit un profond ressentiment et de la confusion, sans compter que les enfants imitent très souvent le comportement des parents.
   Il y a de cela plusieurs années, un couple est venu me voir pour me demander de l’aide afin de surmonter un problème très concret, en me disant : « Nous nous disputons tout le temps ». Je ne tardais pas à m’en apercevoir parce que rien qu’en expliquant le problème, il y avait déjà des étincelles dans l’air ! Sitôt après avoir discuté de ce problème, ne voilà-t-il pas qu’ils en soulevaient un autre. Leurs enfants étaient très instables et violents les uns envers les autres, et il était impossible de les apaiser. Mais pourquoi leurs enfants avaient-ils un si mauvais caractère ?
La réponse est qu’ils ont appris un tel comportement de leurs parents. Par leurs agissements, ces parents produisaient une exaspération instantanée chez leurs enfants, et avaient ainsi affaibli leur autorité. Ils n’étaient plus crédibles aux yeux de leurs enfants.
   Pour résumer, voici les sept dangers potentiels susceptibles d’irriter les enfants à court ou à long terme :
1. L’Indifférence
2. La direction excessive ou la surprotection
3. La critique excessive
4. L’échec des parents à s’ajuster à la croissance et à la maturité des enfants
5. L’hostilité et le mauvais caractère
6. L’injustice ou le favoritisme
7. Le mauvais exemple des parents
« Élevez-les »
   Pour passer maintenant au côté positif de l’éducation des enfants, l’apôtre nous dit :            « Élevez-le en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur ». Le terme ‘élevez-les’ a également été rendu par: « élevez-les avec douceur ». Avant de considérer comment les éduquer, ne négligeons pas l’importance de la tendresse, et commençons par les élever de manière réfléchie, et surtout, considérons ces choses comme faisant partie de notre commission et notre responsabilité.
   La question principale à se poser est celle-ci : à quelle fin les élevons-nous ? Quel est le but visé par l’éducation que nous leur donnons ? Cette question peut nous paraître banale, mais peu nombreux sont ceux qui y répondent correctement. En réalité, nous élevons nos enfants, d’une certaine manière, pour la vie, et pas seulement pour leur enfance.
   Certains parents disent : « Je veux profiter de mes enfants, et me réjouis de les voir grandir. » Nous ne reprochons rien à cette attitude, car une maison avec des enfants est une merveilleuse bénédiction. Mais n’oublions jamais que nous élevons des enfants pour que eux soient heureux, et pas seulement qu’ils le soient dans leur enfance, mais qu’ils le soient aussi dans leur avenir. Posons-nous honnêtement la question : « Comment puis-je élever mes enfants pour les préparer à la vie d’adulte ? Comment faire pour qu’ils puissent aborder le monde auquel ils feront bientôt face ? » Les suggestions suivantes ne traitent pas de l’instruction spirituelle à donner aux enfants ; ce point pour les lecteurs, du moins nous supposons, étant évident. 

« En les corrigeant »

Nous devons instruire nos enfants selon le Seigneur. Instruire signifie former. Si seulement nous parvenions à les rendre diligents afin qu’ils rendent gloire à Dieu dans leur travail et dans leur témoignage. Si seulement ils pouvaient le faire de leur propre initiative ! Qu’il est merveilleux d’avoir des gens capables de répondre convenablement aux circonstances et prendre des initiatives, non seulement dans leur vie personnelle, mais également dans l’œuvre du Seigneur ! Quel bonheur d’avoir des gens dans l’église pleins d’énergie et de la ténacité ! Mais que faire pour promouvoir ces vertus chez nos enfants ? Voilà le genre de préoccupations à avoir.
   Si seulement nous pouvions découvrir comment susciter le sens du devoir chez nos enfants, et comment les rendre prévenants et polis. Si seulement nous avions les secrets ou la réponse à ces questions, nous serions des parents heureux. Ne perdez pas courage, parce que l’Écriture nous donne des réponses à ces questions, et nous pouvons grâce à elle aider nos enfants à acquérir toutes ces choses en les préparant mentalement, spirituellement, moralement et socialement pour le voyage de la vie.
   Instruire implique la correction, mais le sens est beaucoup plus large que cela. La différence entre l’instruction et l’admonition peut être expliquée de cette manière : Instruire, c’est que l’on fait à l’enfant tandis que l’admonition, c’est ce que l’on dit à l’enfant.
   Ce que l’on fait à l’enfant englobe toutes les restrictions et les contraintes qui lui sont imposées. Instruire signifie que nous pourvoyons des activités, des circonstances, des règles, des devoirs et des récompenses dans la vie de l’enfant. C’est le contraire de gâter l’enfant (le plus grand des désastres) parce que les séquelles de cette attitude restent souvent chez lui même après la conversion, et doivent être éradiquées avec le temps par le moyen de la sanctification.
   Instruire est plus positif que négatif. Nous voulons éduquer l’enfant socialement. Nous souhaitons qu’il sache comment établir des rapports avec les autres que ce soit en famille, à l’église, à l’école, au travail ou à l’université. Nous voulons vaincre, quand cela nécessaire, la timidité chez l’enfant. De même, nous voulons que l’enfant extraverti sache se contrôler et se contenir, et respecter les autres. Nous désirons que nos enfants soient observateurs, et sensibles aux besoins des autres. Ce sont là des objectifs que nous devons garder à l’esprit en les éduquant.
   En les instruisant, nous donnons aux enfants une échelle de valeurs, et un cadre qui leur permet de juger, d’évaluer et de réfléchir. Ils arrivent ainsi à comprendre clairement ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Ils passeront ainsi leur vie future sous la discipline à la fois divine et humaine, celle de la providence et celle du « système » leur barrera un jour le chemin, et ne leur permettra pas d’en faire qu’à leur tête.
   Mais cela peut cependant devenir très frustrant à moins que l’enfant n’ait été éduqué à comprendre et à endurer les influences limitatives. Les êtres humains ne peuvent pas faire tout ce qu’ils veulent, quand et où ils le veulent, et l’instruction est ce qui leur permet d’accepter des limites.
   Avoir un « système » enseigne à l’enfant des valeurs, et lui permet de développer la capacité à accepter les choses qu’il n’aime pas, et de se contrôler dans celles qu’il affectionne. Tout cela est positif, affermi l’enfant, et l’aide à maîtriser ses appétits.
   Les jeunes sont souvent sujets à des mouvements d’humeur et de désillusion – ajouté au fait qu’ils ne se refusent rien et sont égocentriques – et cela est dû principalement au fait que l’instruction est considérée par la société moderne comme répressive. Ils sont donc souvent élevés sans but ni restriction. 
   Un simple exemple de restriction à la maison est celui des « zones interdites ». Dans chaque maison, il doit y avoir des lieux interdits pour l’enfant, spécialement certains tiroirs ou armoires appartenant aux parents. Cela doit être enseigné dès la plus tendre enfance. C’est l’aide la plus utile que l’on puisse apporter aux jeunes, car elle leur enseigne le respect et la retenue.
   D’un autre côté, les parents peuvent dire : « Bon, mes enfants peuvent mettre les pieds partout. Ils peuvent par exemple se ruer sur mon lit à cinq heures du matin, et sont libres d’ouvrir n’importe quel tiroir et de tout passer au peigne fin. Rien n’est en fait privé, rien n’est sacré, et rien n’est spécial. » Mais une telle attitude de laisser-faire refuse à l’enfant des forces vitales pour savoir se maîtriser. Qui sait si le péché grave de l’adultère chez le jeune adulte n’a pas été encouragé par le manque de zone interdite dans sa vie ? Les prohibitions dans l’enfance peuvent développer chez l’enfant le respect et la maîtrise de soi.
   Cela s’applique également à l’église. Il n’est pas normal que les enfants courent par-ci par-là dans n’importe quelle partie du bâtiment de l’église sans aucun respect des lieux. Si rien ne leur est interdit, et si rien ne doit être considéré comme spécial ou sacré, comment l’enfant saura-t-il qu’il joue son petit rôle dans la société et comprendre qu’il est également appelé à respecter ses règles et ses systèmes? Comment l’aider à honorer la Parole de Dieu et l’Église qui est le pilier et l’appui de la vérité ? Il doit s’y trouver des lieux qui lui sont inaccessibles.
   Un autre outil extraordinaire, mais malheureusement négligé, est celui des bonnes manières à table. Quelqu’un m’avait une fois dit : « Quel intérêt y-a-t-il pour la classe moyenne de définir des façons de se comporter à table ? Pourquoi certaines personnes prennent-elles les choses si sérieusement ? »
   La manière de se tenir à table n’est pas forcément une question de classe moyenne. Même la prétendue « classe » avait dans le passé une manière distinctive de se tenir à table. Il se peut qu’ils aient reçu cette instruction bien conçue directement du Ciel pour l’enseigner à leurs enfants dans un monde déchu. Bien se tenir à table inculque à l’enfant la maîtrise de son appétit et les valeurs de la retenue. Elle lui enseigne également la sensibilité et le respect des autres, à qui l’on doit passer l’assiette en premier.
   La manière de se tenir à table communique la pratique de se soucier du besoin des autres, et la culture de la disponibilité et de l’hospitalité. Elle enseigne que les bonnes manières sont importantes et que celui qui se comporte comme un goret offense en réalité les autres. Les enfants apprennent ainsi à savoir se comporter, et à comprendre comment ils sont perçus par les autres. C’est à table qu’on apprend facilement toutes ces choses.
   En général, les bonnes manières sont un moyen remarquable pour cultiver chez l’enfant certaines des vertus mentionnées au début de cet article.
   Le ménage et les responsabilités sont également d’importants outils d’instruction. Nous devons donc assigner des tâches raisonnables et faisables aux enfants dès leur tendre enfance. Si nous attendons pour le faire que l’enfant ait atteint ses dix ans, nous ferons face à des difficultés. De même, si l’enfant n’a encore jamais donné un coup de main, et n’a jamais accompli une tâche ou une responsabilité quotidienne à la maison,  il coopérera évidemment  à contrecœur.
   Par ailleurs, l’organisation personnelle et la propreté dont l’enfant fait part doivent toujours être récompensées. 

« et en les instruisant… »

Nous avons remarqué que le verbe instruire se réfère aux actions que nous devons enseigner aux enfants, tandis que l’admonition, c’est ce qui est dit à l’enfant. Ainsi, l’admonition ne consiste pas à éduquer l’enfant par des actions et des règles, mais à l’avertir par des paroles, ou à les former mentalement. Par des paroles, nous les redressons et nous façonnons leur pensée pour les aider à apprécier des principes et des grandes valeurs, ainsi que la bonne manière de faire face aux problèmes.
   Nous développons, nous élargissons et nous façonnons leurs pensées. C’est pourquoi les parents doivent aider leurs enfants dans ce qu’ils lisent, et dans leur manière de parler. Pour être parent, nous avons besoin idéalement d’une connaissance générale à chaque fois grandissante afin d’être en avance sur nos enfants. Nous nourrissons leurs pensées, nous les informons.
   Nous devons être conscients du fait que les enfants s’intéressent à beaucoup de choses que nous devons nous-mêmes apprendre si nous ne les connaissons pas. Il se peut que le parent soit un intellectuel dont toute l’éducation a été orientée vers le monde de la littérature et des lettres classiques, mais que ses enfants s’intéressent aux sciences et aux machines. Ce parent doit chercher à en savoir davantage sur ces matières.
   Si nous voulons transmettre à l’enfant des informations utiles, et qu’il ne veuille pas parce qu’il pense différemment, nous ne devons pas le forcer à être du même avis que nous. C’est parfois une très bonne chose pour l’enfant d’avoir raison et de prouver que l’autre a tort. Il y aura une autre opportunité, et la bataille n’est pas perdue, le moment viendra où l’enfant se montrera plus intéressé.

L’autorité parentale

   L’autorité parentale est vitale. C’est une chose précieuse, mais elle ne se décrète pas, elle se gagne. Certains penseront qu’il n’est pas biblique de dire cela. Après tout, nous avons une responsabilité biblique en tant que parents, qui nous oblige à éduquer nos enfants et nous permet de les corriger. Mais notre autorité parentale doit tout d’abord être bien acceptée, et c’est seulement ensuite que l’on doit la considérer comme quelque chose à gagner et à mériter.  
   Pour être respectée, l’autorité doit afficher un visage qui veut aider, un visage amical. L’autorité doit avoir une main qui récompense. Elle a besoin de toutes ces choses à la fois. Si nous renonçons à l’amitié avec nos enfants, nous renonçons également à l’autorité. Si nous renonçons à ce qui est raisonnable, nous renonçons à l’autorité. Si nous renonçons à l’intégrité, nous renonçons à l’autorité. Quel désastre lorsqu’un parent est extrêmement inconsistant, voire malhonnête !
   L’autorité exige l’intégrité. Même en matière de connaissance générale, si nous traitons d’un sujet que nous ne maîtrisons pas, nous mettons ultimement notre autorité en péril. Un enfant devient vite adolescent, et peut en savoir plus que nous sur un sujet donné. Faisons donc attention à ne pas chercher à expliquer des choses que nous ne maîtrisons pas. Ce n’est pas une mauvaise chose que nos enfants sachent que nous pouvons aussi nous tromper, mais si les enfants nous entendent parler avec autorité de choses insensées, cela les conduit à manquer d’intégrité et de respect.
   L’autorité parentale va de pair avec une certaine marge de liberté. Même les chrétiens adultes ont besoin de temps et d’occasions pour avancer petit à petit dans leur marche de sanctification. De temps en temps, on voit des gens se précipiter et dire : « faisons quelque chose envers cette personne ! ». Et souvent, il ne s’agit pas d’un problème moral sérieux, mais juste d’un problème qui doit être traité dans le cadre du respect.
   Il est permis à tous d’avoir un certain degré de liberté car nous trébuchons, fautons, et offensons tous de diverses manières, mais nous mettons ensuite notre vie en règle avec Dieu. Ne nous attendons donc pas à ce que les gens corrigent leurs fautes avec succès dès le lendemain. Ils ont besoin de temps pour sortir la tête de l’eau, et il en va de même pour les enfants.
   Ainsi donc, si nous réprimandons ou corrigeons un enfant, nous ne devons pas lui imposer un examen parental intense pour s’assurer qu’il a changé (sans toutefois négliger que cela pourrait être nécessaire pour une faute grave).
   Les enfants peuvent aussi bénéficier d’une certaine marge de manœuvre pour commettre des erreurs et doivent aussi avoir le droit de se racheter. Nous sommes en quête de progrès dans leur vie et non de succès immédiat. La patience est un pilier dans l’autorité parentale. Les enfants doivent développer un empressement personnel ainsi qu’une capacité à reconnaître leurs défauts et à les corriger. Il ne serait d’aucune utilité, une fois lancés dans l’océan de la vie d’adulte, d’être toujours dépendants de l’intervention de leurs parents. 

Servir le Seigneur

  Il existe parfois un débat parmi les chrétiens quant à la participation des enfants dans les activités de l’église. Il a souvent été dit que la responsabilité des parents devant Dieu est de prendre soin de leur famille, mais penser cela est une grave erreur. Nous sommes toujours sous les ordres du Mandat Suprême qui nous invite à nous engager dans des efforts d’évangélisation, et cela bien évidemment, sans négliger de prendre soin de nos enfants. Il y a donc là un équilibre à garder.
   Cependant, il convient de dire qu’à chaque fois que les parents, dans un bon équilibre, sont actifs et engagés dans des domaines du service chrétien, leurs enfants en bénéficient. Loin d’être privés d’attention, ils perçoivent le sérieux de leurs parents dans l’œuvre du Seigneur. Ils les voient loyaux à quelque chose qui leur est supérieur, et tout en grandissant, ils savent que la famille a une noble cause à laquelle elle se consacre. C’est une merveilleuse leçon pour les enfants que de voir leurs parents sous l’autorité divine, et qu’ils aiment et servent le Seigneur. Le service d’un parent chrétien est le couronnement de son témoignage à l’enfant. Il n’y a pas meilleure confirmation que celle-ci.