Les alliances parallèles de Dieu

Le premier de deux articles du Dr Masters sur les alliances, tirés des enseignements sur l’Alliance de Grâce, donnés à la pastorale du Tabernacle en Juillet 2016. 
 

La Bible montre que toutes les relations de Dieu avec les hommes et les femmes ont toujours été conduites sur la base de deux alliances sous-jacentes, celle des œuvres ou celle de la grâce. Ces deux alliances opèrent de façon parallèle.

      Dès ses premières pages, la Bible nous parle déjà d’alliances divines. Rien que dans le livre de la Genèse, le terme alliance est utilisé vingt-cinq fois. Une alliance divine est un engagement, une promesse de Dieu d’établir un lien sous certaines conditions. C’est une forme de convention ou d’accord.

Dieu ne conduit pas Ses relations avec l’homme de manière aléatoire, hasardeuse ou désordonnée. Il le fait en accord avec des principes et des buts clairs reflétant Sa nature sainte et Ses exigences. Les alliances divines de la Bible nous permettent de comprendre les voies de Dieu de façon beaucoup plus claire.

Bien que le terme alliance apparaisse pour la première fois en Genèse 6:18, où Dieu parle d’établir Son alliance avec Noé, la Bible montre que toutes les relations de Dieu avec les hommes se fondent sur la base de deux alliances sous-jacentes, celle des œuvres* ou celle de la grâce. Ces deux alliances, d’une certaine manière, opèrent côte à côte tout au long de l’histoire. L’alliance des œuvres est caractérisée par le grand commandement et le grand avertissement du jardin d’Éden, et ensuite, au temps de Moïse, par la loi. En revanche, l’alliance de la grâce fut administrée au travers des promesses et des prophéties concernant Christ.

Tout jeune chrétien, l’auteur de ces lignes a reçu cet enseignement, apprenant qu’il s’agissait de la ferme conviction des auteurs de cette remarquable confession de foi rédigée en 1689, à savoir La Confession de foi baptiste de Londres. 

L’alliance appelée alliance des œuvres fut présentée pour la première fois à l’humanité dans le jardin d’Éden. Dieu y promit la bénédiction à condition que l’homme lui obéisse (Genèse 2:16-17). 

Immédiatement après sa désobéissance et sa Chute, une autre alliance appelée alliance de grâce fut révélée, apparaissant comme une aube d’espérance pour l’humanité perdue. Adam et Ève auraient un Descendant exceptionnel qui, au prix de Sa vie, écraserait la tête du Serpent. Il allait être le Représentant de l’homme qui allait payer le châtiment de la désobéissance et mériter la bénédiction de Dieu en leur faveur (Genèse 3:15).

Nos lecteurs savent bien que l’homme a chuté et qu’il s’en suivit la malédiction – la mort dans tous ses aspects : physique, spirituel et la malédiction de l’environnement. Mais il est important de noter que bien que la première alliance ait été brisée dès le commencement par la désobéissance de l’homme, elle n’a en réalité pas pris fin, elle n’a pas été abrogée. Elle ne pouvait jamais amener l’homme à être accepté par Dieu et à recevoir la vie éternelle, car l’homme est maintenant dépravé, pécheur par nature. Cependant, cette alliance n’a jamais été abolie. Aujourd’hui encore, et tout au long de l’histoire du monde, tout être humain qui ne veut pas recevoir la grâce de Dieu est soumis à l’alliance des œuvres et à ses sanctions. Aussi longtemps que le monde présent continue d’exister, l’exigence de produire des œuvres est toujours en vigueur (en tant que principe). Il est donc incorrect d’affirmer que cette alliance a été abrogée.

Nous verrons qu’à l’époque de Moïse au Sinaï, Dieu allait réitérer l’alliance des œuvres, comme un avertissement et un moyen de conduire les hommes vers la grâce.

La première alliance mentionnée dans la Bible – celle des œuvres – a été conclue par Dieu avec l’homme, mais la seconde – celle de la grâce – a été conclue entre Dieu le Père et Dieu le Fils (comme nous le lisons dans Jean 6:39-40, 17:9, 24). La première alliance dépendait des œuvres accomplies par l’homme, mais la seconde repose sur l’obéissance de Christ. La première était (et est encore) incapable de sauver en raison du péché de l’homme, alors que la seconde est aussi sûre que la sainteté et l’infaillibilité de Christ le Seigneur. Ces deux alliances, comme nous l’avons indiqué, fonctionnent de façon parallèle, dans toute l’histoire du monde : la première étant incapable de sauver, mais seulement capable de condamner, tandis que la deuxième est la puissance de Dieu pour le salut.

Après la première promesse de grâce dans le Jardin d’Éden, l’alliance de grâce fut révélée par des promesses ultérieures données aux patriarches : Abraham, Isaac et Jacob. Il fut montré à Abraham que le grand Descendant allait venir au travers de sa lignée familiale et que, par Lui, des gens de toutes les nations du monde seraient bénies et recevraient un héritage glorieux et éternel, une « cité » qui n’est pas construite de main d’homme (Hébreux 11:13-16).

Le statut du Sinaï

En examinant les pages de l’Écriture, nous voyons que les promesses de la venue du Libérateur ont été réitérées aux patriarches, mais bien vite nous en arrivons au livre de l’Exode, à ce qui s’est passé au désert du Sinaï, à l’alliance et à la loi données par Dieu à Moïse. Qu’est-ce que cela signifie ? S’agit-il d’une nouvelle révélation de l’alliance de la grâce comme beaucoup le pensent ? Il s’agit d’une question majeure à laquelle ceux qui font partie de la tradition « réformée » ont répondu différemment :

L’alliance révélée au travers de Moïse était-elle une expression ou une administration de l’alliance de grâce ? De prime abord, cela ne semble pas être le cas. On a plutôt l’impression qu’il s’agit d’une offre de bénédiction en retour d’une bonne « prestation » : « Vous observerez mes lois et mes ordonnances: l’homme qui les mettra en pratique vivra par elles. Je suis l’Éternel » (Lévitique 18:5). 

La loi de Dieu est parfaite et merveilleuse. Elle exprime les critères et les exigences de Dieu, et si quelqu’un ou quelque nation pouvait les garder, ils détiendraient la clef du bonheur, de la félicité, de la prospérité et de la vie, maintenant et éternellement. Mais, en raison du péché, la loi condamne et la loi de Moïse ressemble plus à des œuvres mortes qu’à la grâce. Elle semble être une répétition plus élaborée de l’alliance des œuvres donnée dans le Jardin d’Éden. En-est-il ainsi ? En d’autres termes, les presbytériens ont-ils raison d’adopter le point de vue (inscrit dans la Confession de foi de Westminster) selon lequel l’alliance mosaïque est une administration de l’alliance de grâce ?

Sans aucun doute, de nombreux théologiens renommés de la mouvance presbytérienne ont dit de belles choses au sujet des alliances divines et de leurs rapports avec les hommes. Cependant, dès le dix-septième siècle, les baptistes croyaient qu’ils se trompaient grandement en identifiant l’alliance mosaïque à une administration de l’alliance de grâce. Aussi, à un moment donné, les baptistes publièrent-ils leur propre version de la Confession de Westminster avec des affirmations radicalement différentes sur les alliances divines.

Le grand théologien John Owen (qui n’était pas un baptiste) fit le chef de file des opposants à l’affirmation selon laquelle le Sinaï était une alliance de grâce. Ses écrits ont miné la vision presbytérienne de l’alliance, même s’il était de leur côté en de nombreux domaines.

Le premier et principal problème avec l’idée selon laquelle le Sinaï était une alliance de grâce est que le Nouveau Testament l’identifie comme une alliance des œuvres. Il suffit de lire les épîtres aux Galates et aux Hébreux pour s’apercevoir du fossé infranchissable entre l’alliance conclue sous Moïse et l’alliance de grâce. Cette dernière fut progressivement dévoilée dans les promesses de l’Ancien Testament jusqu’à ce qu’elle soit pleinement révélée dans le Nouveau. On y voit très clairement que les deux alliances sont opposées.

Le second problème porte sur un ensemble d’erreurs que cette conception erronée relative à l’alliance du Sinaï introduit dans les églises. Si vous faites de l’alliance de la loi une dispensation de l’alliance de la grâce, vous faites de l’église du Nouveau Testament une prolongation de l’église de l’Ancien Testament, considérant les deux comme presque identiques. Vous dites alors que le baptême est l’équivalent de la circoncision et vous admettez des personnes comme membres dans l’église du Christ sans qu’elles professent la foi. En faisant cela, vous transformez le gouvernement de l’église du Nouveau Testament en une forme de hiérarchie similaire à celui de l’Ancien Testament. De même, vous manquez le but d’avoir des membres régénérés, parce que cela n’était pas un trait caractéristique de l’église vétérotestamentaire.

Les premiers baptistes virent clairement qu’une conception erronée de l’alliance mosaïque ramenait l’église chrétienne vers l’ordre ancien, pour entrer dans des voies sérieusement en conflit avec l’enseignement du Nouveau Testament.

Nous allons montrer dans cet article que l’alliance mosaïque n’était pas principalement centrée sur la grâce mais sur les œuvres, bien qu’elle contienne de nombreuses préfigurations de la grâce dans ses cérémonies, dans le mobilier et les décorations du Tabernacle et du Temple par la suite. La grâce y était dépeinte comme la meilleure voie, mais l’alliance en elle-même, au travers des exigences de la loi, consistait en des œuvres (comme nous l’avons noté en Lévitique 18:5).

Les Juifs, sans mentionner le reste de l’humanité, devaient-ils attendre jusqu’à ce que Christ vienne avant que le salut par grâce, au moyen de la foi, leur devienne accessible ? Certainement pas, parce que l’alliance de grâce – le salut gratuit par la miséricorde de Dieu – opérait dès le moment où la première promesse fut faite dans le Jardin d’Éden, c’est-à-dire celle de la venue d’un grand Descendant-libérateur. Dès l’instant, la grâce commença à être révélée et ceux qui croyaient en cette grâce étaient sauvés. La clef pour comprendre les alliances est de réaliser que depuis-là l’alliance de la grâce coexistait de façon parallèle avec celle des œuvres. Les deux étaient distinctes, tout en étant, en un sens, parallèles. Les exigences de la loi mettaient un coup d’arrêt à l’orgueil du cœur humain et, par l’œuvre de l’Esprit, les personnes étaient contraintes de regarder à la promesse de la grâce.

Une fois la loi proclamée par Moïse (l’alliance des œuvres), un autre message tout à fait distinct était prêché en parallèle – celui du salut du cœur par grâce (l’alliance de la grâce). Cela ressort clairement lorsque Moïse décrit et expose l’alliance parallèle en Deutéronome 29 et 30. Le récit biblique affirme qu’il fit cette alliance dans le pays de Moab distinctement de l’alliance qu’il avait faite avec eux en Horeb. Le terme hébreu signifie « séparément », « de manière distincte ». Ce n’était pas une répétition du Sinaï, mais quelque chose de différent et de très spécifique. Depuis longtemps, elle est connue comme étant «  l’alliance évangélique », et c’est bien ce qu’elle est.

Il s’agit du passage que Paul mentionne en Romains 10, où il la cite et la nomme « la justice qui est par la foi » en contraste avec « la justice qui est de la loi ». En d’autres termes, l’alliance de la loi du Sinaï consiste en œuvres, mais l’alliance présentée en Deutéronome 29 et 30 (dans les plaines de Moab) est grâce. Paul fait une distinction entre les deux. C’est comme si Dieu disait : « Voici la sainte loi que vous devez accomplir pour pouvoir être acceptés par moi, mais il y a aussi ici le salut par grâce. Si vous ne voulez pas avoir la grâce, vous devrez être jugés par la loi. Et cette loi sainte et parfaite, mais terrifiante pour les pécheurs, est comme une grande épée suspendue au-dessus de vos têtes ».

Tout gravite autour du cœur

  Lorsque nous lisons Deutéronome 29 et 30, ce qui frappe immédiatement c’est que la loi est mentionnée sans s’y attarder. Tout gravite autour de la circoncision du cœur. Tout gravite autour de la grâce. Tout est centré sur l’expérience évangélique, sur le fait d’aimer le Seigneur de tout son être. Les deux alliances coexistent : d’un côté la loi et de l’autre la grâce. Si vous pensez pouvoir accomplir la volonté de Dieu, vous serez jugés par la loi, mais si vous vous pliez sous la grâce, vous serez sauvés.

Il n’est pas étonnant que Moïse ait conclut sa proclamation de l’alliance de la grâce par cet appel saisissant : « Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te prescris aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu », et, dans cette expérience, de garder Ses commandements (Deutéronome 30:15-16).

Durant des générations, les baptistes ont compris les choses de cette façon et les ont inscrites dans leur Confession de foi de 1689. C’était la vue d’éminentes personnes d’autrefois : les Bunyan et Spurgeon. Ce point de vue est appelé « les alliances en parallèle ou en contraste ». Il enseigne que les œuvres et la grâce marchent côte à côte tout au long de l’histoire biblique, pendant que l’alliance de la grâce est progressivement révélée selon les voies glorieuses de Dieu par les promesses et les prophéties de l’Ancien Testament, lesquelles ont atteint leur apogée en Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel. Le message de ces prophètes adressé aux enfants d’Israël était qu’ils pouvaient obtenir la miséricorde et le pardon en mettant leur foi dans le grand Descendant promis. La loi du Sinaï ne pourrait jamais sauver, bien qu’elle ait renfermée les critères moraux qui devraient toujours être les règles de vie pour les croyants.

Comme je l’ai souligné plus haut, ces points de vue m’ont été enseignés au tout début de ma vie spirituelle. La vision de l’alliance formulée en 1689 était encore active dans les années 1950. Je me souviens dans mes jeunes années, avoir été surpris de rencontrer la doctrine dispensationnaliste, et mon étonnement fut d’autant plus grand de découvrir que quelques baptistes calvinistes avaient adopté une vision presbytérienne modifiée, acceptant l’affirmation que l’ordre mosaïque était une administration de l’alliance de la grâce. Ils acceptaient la pensée selon laquelle, après la Chute, il n’y avait plus eu qu’une seule alliance – celle de la grâce – instaurée de différentes manières dans l’Ancien et le Nouveau Testaments. En d’autres termes ils adoptaient la conception qu’il existait : « une alliance, deux administrations ».

Les beaux jours du dispensationnalisme ont presque englouti l’ancienne conception, puis dans les années 1950 on vit naître un nouvel enthousiasme pour une bonne théologie systématique, mais largement ancrée dans le mouvement presbytérien. Cela conduisit de nombreux baptistes à adopter leur conception d’une seule alliance. Toutefois le point de vue baptiste authentique n’avait pas complètement disparu et il est beau de savoir qu’il jouit d’un véritable regain d’intérêt, plusieurs excellentes études ayant fait surface ces dernières années aux États-Unis.*

J’avais l’habitude, il y a des années, de me rendre aux Etats-Unis et il me semblait que le point de vue historique des alliances avait disparu chez les baptistes. Ce fut pour moi une sorte de passe-temps que de discuter de la conception baptiste authentique des alliances avec les pasteurs, et je crois qu’ils me considéraient comme un excentrique, parlant de quelque chose dont l’humanité n’a jamais entendu parler. Mais le regain d’intérêt pour le point de vue historique ces dernières années est immensément appréciable, car peu de choses sont aussi logiques, claires et pratiques sur le plan scripturaire.

Puisque nous parlons du passé, puis-je indiquer qu’en 1983 – donc plus de 30 ans en arrière – j’ai rédigé un article sur les alliances divines dans le Sword & Trowel, en y joignant un extrait des pensées de John Owen. Dans le huitième chapitre du magnifique commentaire d’Owen sur l’épître aux Hébreux, on trouve une dissertation sur les alliances divines. La plus grande partie de celle-ci expose ses arguments pour démonter la conception presbytérienne et prouver que l’alliance du Sinaï consiste dans les œuvres. Il m’a toujours semblé que ces arguments étaient irréfutables.

J’ai fait quelque chose qui manquait peut-être de sagesse. J’ai résumé les 30 pages d’Owen et les ai condensées en deux pages selon le format de la revue, juste pour donner un aperçu de la question.

John Owen n’en est jamais venu à une position entièrement baptiste, mais il a fait de l’alliance mosaïque quelque chose de national, pour les Juifs, contenant à la fois la loi et la grâce. (Cela semble rassurer les auteurs presbytériens avisés, mais ne devrait pas être le cas en réalité, puisque la démolition par John Owen de la position « une alliance, deux administrations » ne peut être esquivée.)

Il est bien vrai, comme nous l’avons noté, que les cérémonies des Juifs étaient pleines d’images symbolisant la grâce, mais les baptistes d’autrefois insistaient sur le fait que l’alliance du Sinaï était en elle-même un régime de lois et d’œuvres.

Bien entendu, John Owen n’était pas seul à refuser le Sinaï comme une alliance de grâce. Benjamin Keach, pasteur de l’église qui devint plus tard le Metropolitan Tabernacle (et qui fut l’un des rédacteurs de la Confession de 1689), était très ferme sur ce sujet. Ses sermons sur les alliances sont encore disponibles de nos jours. Plus important encore était Nehemiah Coxe, qui dirigea, très probablement, la rédaction du chapitre sur les alliances de la Confession baptiste de 1689, et qui écrivit un traité baptiste décisif sur les alliances.

La confrontation faite par Paul entre les alliances

     Faisons un bref résumé de quelques-uns des passages du Nouveau Testament qui font la différence entre la loi et la grâce. Nous avons vu qu’en Romans 10, l’apôtre Paul montre que Moïse prêcha l’Évangile de l’obtention de la justice par la foi, montrant que l’alliance de la grâce est le remède qui fait contraste avec la condamnation par la loi de l’alliance des œuvres. Dans Galates 3, il montre que l’Évangile fut révélé à Abraham (verset 8), et que les croyants du Nouveau Testament sont justifiés de la même manière qu’Abraham (par la foi) et deviennent ses enfants spirituels (versets 7 et 9). Il affirme alors que tous ceux qui se confient dans les œuvres de la loi de Moïse sont sous la malédiction (versets 10-11).

Certains peuvent s’interroger : « Comment se peut-il qu’Abraham ait eu l’alliance de la grâce, avant la venue de la loi qui ne pouvait que condamner ? La loi annule-t-elle la promesse de la grâce ? » Non, dit l’apôtre, la loi « ne pouvait pas annuler » la grâce (verset 17). Elle ne peut « rendre la promesse sans effet », parce que la grâce allait encore être prêchée, puisque l’alliance de la grâce allait opérer à côté de la loi.

Alors pourquoi Dieu a-t-il donné la loi ? Paul pose la question et fournit la réponse au verset 19 : « Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité à qui la promesse avait été faite ». La sainte loi de Dieu, écrite dans le cœur de l’homme, avait besoin d’être définie en mots et publiée. Ces critères devaient servir à garder Israël du paganisme et de la corruption grossière jusqu’à ce que vienne le Sauveur. Mais ils allaient aussi servir à démontrer aux hommes leur nature pécheresse et leur besoin, les conduisant vers Christ et la grâce (verset 24).

Tout au long de Galates 3, la loi est présentée comme l’opposé de la grâce. Elle est faible alors que la grâce est puissante pour sauver. Elle condamne tandis que la grâce justifie. L’apôtre inspiré ne dit jamais que la loi est une administration de la grâce.

Le même fossé entre la loi et la grâce s’ouvre tout grand en Hébreux 6 – 8. Au chapitre 8 et aux versets 7-10, par exemple, il nous est donné une vision saisissante de ce fossé :

« En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été question de la remplacer par une seconde. Car c’est avec l’expression d’un blâme que le Seigneur dit à Israël : Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, où je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte ; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi aussi je ne me suis pas soucié d’eux, dit le Seigneur. Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur : Je mettrai mes lois dans leur esprit, je les écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ».

Comment, à la lumière de tels passages, peut-on considérer la loi mosaïque comme une administration de la grâce ? La vérité est que la grâce avance en même temps que la loi, mais elle s’en distingue totalement. Et la grâce brille d’une gloire croissante lorsque de nouvelles promesses et prophéties s’ajoutent à tout ce qu’on en connaît déjà jusqu’à ce que Christ soit pleinement révélé. Alors l’enveloppe cérémonielle de la loi, ayant vieilli, est prête à disparaître. Il ne fait aucun doute que la grâce a commencé à être annoncée et à sauver dès le Jardin d’Éden. Nous la voyons justifier Abraham et les patriarches, puis être prêchée par Moïse comme une alliance alternative (« l’alliance évangélique »). Elle se poursuivit avec David, fut ensuite réaffirmée dans les prophètes, et prit finalement tout son retentissement et la place suprême de gloire qui lui revient avec l’œuvre de Christ.

* De nombreux penseurs ont préféré ne pas appeler alliance des œuvres, l’alliance faite premièrement par Dieu avec l’homme dans le Jardin d’Éden parce que tout était librement fourni par Dieu, l’homme n’avait pour devoir que d’obéir. Mais, du fait qu’elle est généralement connue comme l’alliance des œuvres, nous conserverons ce terme dans ces pages.

 ** Par exemple : Une alliance plus excellente – La doctrine des alliances : fondement distinctif du baptisme réformé par Pascal Denault (Éditions Impact Académia) ; Recovering a Covenantal Heritage : Essays in Baptist Covenant Theology (Retrouver un héritage allianciel : essais de théologie baptiste des alliances), Ed: Richard C Barcellos (RBAP).